De Dieu il faut se débarrasser avant toutes choses

mis en ligne le 5 novembre 2009
Si l'une des formules préférées des anarchistes est ni dieu ni maître, il est un fait avéré par l'histoire que nous ne nous débarrasserons des maîtres qu'après nous être débarrassés de l'idée de Dieu(x). Comment une société humaine pourrait-elle se croire libre de toute entrave extérieure quand, en petit ou en grand nombre, les individus sous l'emprise d'une croyance théologique pourraient avoir un pouvoir quelconque sur leurs frères et sœurs ?
Problème : comment lutter efficacement contre les inventions de toutes les religions pour asservir des populations entières ?
Toute possibilité d'action efficace passe par une connaissance exhaustive non pas des croyances mais des faits qui permettent d'affronter victorieusement toute allégation arguant de la nécessité de dieu ou de son évidence.
Qu'y a-t-il de plus évident que les faits et, en particulier, ceux avérés par la science ? Il ne pourra y avoir d'avenir à l'anarchie qu'avec l'appui des connaissances scientifiques et de leurs conséquences.
C'est ce pari que fait Dawkins dans son dernier ouvrage : il en fait ainsi ce que l'on pourrait appeler avec un clin d'œil la bible athée…
Qu'il explique comment la prétendue croyance de grands scientifiques (Einstein), hommes de lettres, philosophes ou politiques n'est souvent que récupération de « mots d'auteur » par les instances religieuses ; qu'il analyse les arguments en faveur de l'existence de dieu ; qu'il décortique au contraire les nombreuses « preuves » de l'inexistence de Dieu ; qu'il nous montre que les religions sont des produits dérivés accidentels de l'évolution sociale humaine ; il nous aide – par de très nombreux exemples, par des formules claires et didactiques et par un sens très fort de l'objectivité – à acquérir tout une panoplie de données utiles dans les discussions (souvent très passionnées et faussées par l'obscurantisme du credo de la foi) ou dans le combat contre les préceptes des diverses croyances. La notion de « mème » (élément d'une culture pouvant être considéré comme transmis par des moyens non génétiques, en particulier par l'imitation), qu'il avait proposé dans Le gène égoïste, est mise ici à contribution avec profit.
La religion fait son lit dans la confiance que les enfants ont dans l'adulte… Que celui-ci lui dise : « Ne va pas patauger dans le Limpopo qui est infesté de crocodiles » (bon conseil) ou : « Tu dois sacrifier une chèvre lors de la pleine lune, sinon il ne pleuvra pas », (mauvais conseil et gaspillage de temps et de chèvres), l'enfant croira l'adulte en qui il a confiance. Il en est de même pour tout : nous nous construisons en grande partie sur ces acquis de la confiance aveugle… et bien peu en sortent, voire s'en sortent !
Il faut absolument lire et faire lire les quelque quatre cents pages de ce livre tonitruant.
À mettre entre toutes les mains ! Les croyants ne pourront pas en sortir indemnes, des certitudes mettront leur foi en danger… Quel bonheur…

Serge Moulis
Docteur vétérinaire