Bonne nouvelle

mis en ligne le 15 avril 2010

Les bonnes nouvelles sont assez rares en général dans le domaine les luttes pour ne pas bouder celle-ci. Jeudi 8 avril, en ouvrant le journal Ouest-France, le titre saute aux yeux : « Policier frappé, professeur relaxé ». Rappelons les faits. Un certain 12 janvier 2009, notre mal-aimé président décida de venir présenter ses vœux à cette catégorie qu’il hait au plus haut point : les enseignants (et ce, malgré tous les discours lénifiants dont il nous abreuve). Pour nous montrer sa considération, et son courage – lui qui se jette volontiers dans la foule, n’est-ce pas ? –, il se fait accompagner de nombreux membres des forces de l’ordre pour le protéger des manifestants de la Manche qui tenaient à lui signifier clairement qu’ils en avaient « ras-le-bol » de sa politique sociale régressive. Seulement voilà, nous qui avions l’habitude de policiers plutôt calmes lors de nos manifestations, nous voilà confrontés à des forces de répression agressives et plutôt décidés à en découdre. Les responsables parisiens de la protection présidentielle n’avaient pas fait les choses à moitié, ils avaient mis dans les limites de la manifestation, et dans la manifestation elle-même, un certain nombre de policiers en civil non distinguables à première vue, évidemment, et qui se sont efforcés d’aller chercher certains manifestants, des jeunes de préférence. L’auteur de cet article en ayant repéré un, l’a marqué à la culotte pendant une petite heure afin de l’empêcher de remplir sa sale besogne. Certains de ses collègues ayant remarqué mon manège le rejoignirent ; l’héroïsme et le martyr ne servant à rien, j’ai préféré m’éloigner, mais cela les avait un peu calmés.

Après le départ de sa honteuse majesté humiliée et revancharde (ne fit-il pas sauter le préfet de la Manche et le directeur de la police, il faut bien des responsables, n’est-ce pas ?), les forces de l’ordre complètement excitées ont cru bon d’arrêter, parmi les manifestants restés sur place, un syndicaliste FSU, notre collègue Pascal Besuelle, plutôt connu dans la région pour être calme et régulateur dans les conflits, sans toutefois reculer sur ses principes et son militantisme. La police porte plainte contre lui pour avoir « donné deux coups de pied à la tête d’un policier » d’après Ouest-France. Sauf à ce que le policier ait été jeté à terre, ce qui ne semble pas avoir été retenu par la justice, notre collègue qui a une petite cinquantaine d’années doit être très souple ou bon karatéka.

Condamné en première instance à trois mois avec sursis et 500 euros de dommages et intérêts, il se voit donc relaxé par la cour d’appel de Caen. Et voilà un policier qui ne verra pas sa prime annuelle versée par notre collègue ; sale habitude prise depuis quelques années, suivi en cela par la justice suite à des plaintes pour coups et blessures (imaginaires) et outrages à agent (tout aussi imaginaires). Il faut les comprendre les pauvres, ils sont mal payés pour cette tâche qu’on n’appellera pas un métier.

Y aurait-il enfin des juges qui comprendraient que nous sommes confrontés à la répression contre les militants syndicaux et politiques ? Commenceraient-ils à comprendre qu’eux-mêmes sont les jouets de cette répression ? Comprendraient-ils que le pouvoir politique actuel leur demande de les suivre aveuglément dans leur répression ? Comprendraient-ils enfin que notre gouvernement glisse tranquillement, touche par touche, vers la gouvernance fasciste ? Auraient-ils entendu les propos de certains de nos ministres qui nous rappellent certains moments sombres de notre histoire, aidés en cela par la glorieuse police française de l’époque ? Comprendraient-ils que si on n’y prend pas garde, un matin, au petit jour, la France se réveillera sous un régime fasciste, de fascisant qu’il est aujourd’hui ?

La journaliste cite le syndicat FSU en ces termes : « Le syndicat FSU s’inquiète quant à lui “du symptôme préoccupant de criminalisation des acteurs du mouvement syndical et tout particulièrement des syndicalistes”. » Certes, mais qu’allons-nous faire dans le futur pour empêcher cette criminalisation permanente, qui, au risque de me répéter, fait totalement parti de l’outillage fasciste : faire taire toute contestation par la criminalisation édictée par des lois que des juges gardiens de la légalité républicaine appliqueront parce qu’ils sont payés pour ça, ne se posant aucune question sur la légitimité de ces lois.