Casse de l’école

mis en ligne le 25 mars 2010
La casse de l’école publique s’accélère. La rentrée prochaine va s’effectuer avec des classes surchargées dès l’école maternelle.
Dans le Val-de-Marne, nous savons que des classes d’enfants de 3 ans comporteront trente élèves !
La semaine de quatre jours crée stress et fatigue. Les enseignants ne trouvent plus le temps de se rencontrer. Le travail d’équipe se réduit encore et la réflexion pédagogique s’amenuise. Les nouveaux programmes sont impossibles à réaliser dans le temps imparti ! Les projets d’école sont quasiment imposés par des axes académiques incompréhensibles. Les directrices d’écoles croulent sous des charges administratives artificielles, l’informatique mobilise plus que les enfants.
Les maisons de handicap sont loin, elles manquent de moyens humains, les personnes qui devaient être embauchées n’arrivent pas dans les écoles. Cela semble assez normal quand on connaît le salaire proposé : 625 euros environ pour 20 heures par semaine ! Et cela avec un contrat à durée déterminée…
La précarité devient de plus en plus prégnante et la loi de mobilité des fonctionnaires autorise les licenciements dans la fonction publique.
Pour détruire l’école publique, le gouvernement a besoin de soumettre les enseignants. Il a donc commencé par réduire considérablement le droit de grève à l’école primaire en se servant du service minimum qui devait « arranger » les parents. Il a ensuite mis en place des évaluations nationales obligatoires afin de contrôler l’obéissance au nouveau programme et créer ainsi un carcan dans lequel les professeurs sont prisonniers.
Aujourd’hui, le concours pour devenir enseignant comporte une nouvelle épreuve : « Agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable ». Il s’agit d’une épreuve orale qui sera effective à partir de 2011. Naturellement, les critères de notation de cette épreuve sont inconnus pour l’instant.
Cela pose un vrai problème puisque justement c’est au nom de l’éthique et de la responsabilité que nous nous opposons actuellement à la politique élitiste et inégalitaire de ce gouvernement.
Les enfants subissent les pressions de l’institution dès les petites classes, l’évaluation est devenue le maître mot, dès l’âge de 3 ans ils sont déjà repérés en difficulté pour pouvoir justifier les heures obligatoires que les enseignants doivent faire dans le cadre de l’aide personnalisée.
En grandissant, on va continuer de faire croire aux parents que les heures données à ces élèves constituent la seule réponse pédagogique pour les faire progresser. Non seulement ils souffrent à l’école mais quand ils arriveront au collège, ils auront déjà accumulé des heures « sup » en pagaille !
Pour résister à cette casse, certains enseignants réagissent.
Depuis début février la grève s’amplifie dans l’académie de Créteil.
Les organisations syndicales majoritaires appellent timidement, mais attention : certains jours seulement et certains secteurs !
Pourtant, le 93 bouge, les enseignants sont de plus en plus nombreux en grève pour défendre le service public d’éducation et les statuts des personnels.
Les autres départements vont-ils enfin se réveiller et entrer dans la lutte ? Souhaitons-le, nous savons de quel côté est la violence et nous ne pouvons pas accepter de l’imposer à nos élèves.
Nous devons la combattre et leur offrir un véritable accès au savoir dans une école coopérative et respectueuse de chacun.

Isabelle, groupe Pierre-Besnard