Brouillard syndical

Quel est le plus important dans le triste Landerneau syndical français de cette fin d’année 2009 ? Le congrès de la CGT ou les affrontements autour de la représentativité contestée d’un délégué syndical SUD à l’entreprise SFR ? ¹
Pour la boutique syndicale de la porte de Montreuil à Paris, le seul couac important, pour l’extérieur, semble avoir été l’annulation de la réception de Chérèque (patron de la CFDT) au congrès nantais. Maigre victoire pour l’opposition interne à la « cefe » de la CGT ². Tout cela n’avait pas beaucoup de poids face aux déclarations précongrès qui circulaient dans les magazines même pas people. L’étrange idylle que vivent le chef de l’État et le secrétaire général du premier syndicat de France a de quoi se faire retourner dans leur tombe les « réformistes » de la CGT de l’entre-deux-guerres. Ces militants avaient un programme qui ne tenait pas compte de l’aquarium. Certes, ils n’attendaient plus le Grand soir et leur conception de l’autonomie ouvrière était a minima, mais ça avait un autre goût que l’actuelle bouillie pour les chats. Quand Keufer, secrétaire de la Fédération française des travailleurs du livre, allait voir le gouvernement d’alors, c’était pour imposer ses vues. Ce n’était pas la révolution, mais des conditions de travail, des salaires. Demandez aux camarades de La Poste, de France Télécom, de la SNCF, ce qu’ils et elles en pensent ! La cerise sur le gâteau étant la déclaration d’un conseiller du locataire de l’Élysée : « Sarkozy et Thibault ont canalisé le mécontentement. Ils ont éteint les feux de concert. » En d’autres temps, on a appelé ça l’Union sacrée et ça a « toléré » la Première Guerre mondiale… On en n’est pas là, mais l’identité nationale peut mener à tout.
Les cheminots des fédérations CGT, CFDT auraient fait reculer la direction de la SNCF et obtenu plus de 850 postes. Dans la foulée, ils ont levé leur préavis de grève vendredi dernier. Soit, mais quid de SUD-Rail qui ne compte pas pour du beurre ? Sûr qu’il y a dû y avoir un lézard quelque part… Bon solstice d’hiver quand même.

¹. On rappellera que la direction de SFR (vous savez bien, les joujoux de la communication du XXI^e siècle) récuse un représentant syndical SUD sous prétexte que dans les statuts de l’organisation syndicale, il y est fait référence au socialisme autogestionnaire. Cela serait en contradiction avec la République française qui respecte la notion de propriété. à la Libération, on demandait seulement aux organisations syndicales de ne pas avoir collaboré. Les temps changent et le Code du travail fout le camp ; quant au reste…
². Jean-Pierre Delaunay, candidat au poste de secrétaire général au 49^e congrès confédéral, représenterait l’avenir de la CGT, voire l’opposition à la ligne confédérale. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les avis sont partagés.