On écrit au journal

mis en ligne le 4 avril 2010
Une lettre postée à Antraigues-sur-Volane (Ardèche), le 13 mars, est parvenue à notre rédaction. Nous avons décidé de la porter à la connaissance de nos lecteurs.
« Chers camarades,
Nous venons de porter en terre notre ami Jean Ferrat. Vous comprendrez aisément que, enfant juif caché durant l’Occupation par une famille de militants communistes, il lui aura été impossible, afin d’éviter le sentiment de trahir ses sauveurs, de tourner le dos à l’idéal qui fut le leur. Ce qui explique ces chansons bêtement dans la ligne ou d’un lyrisme lourdingue, qui l’ont maintenu loin derrière le célèbre trio poétique Brel-Ferré-Brassens, pour le cantonner à la variété de qualité.
Mais, comme l’écrivait l’un de vos rédacteurs la semaine passée, notre compagnon, au soir de sa vie, se souvenait avoir chanté en une occasion pour les anarchistes, il y a bien longtemps, ce qui lui fut sans doute amèrement reproché alors par ses collègues du Bureau (politique). Puis il y eut sa chanson Le Bilan, en 1981, que de mauvaises langues qualifièrent de prise de conscience tardive et d’entreprise d’autodéstalinisation à peu de frais, mais qu’il faudrait peut-être prendre – relisez les deux derniers vers de l’ultime couplet ! – comme un petit clin d’œil adressé aux anars et un cadeau offert à la programmation alors naissante de Radio libertaire…
Sur son bureau, nous en avons trouvé une suite, inédite, qu’il n’aura pas eu le temps de mettre en musique. Elle est pour vous.
Des amis de Jean Ferrat. »
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