Pas de cadeaux pour le sexisme !

mis en ligne le 4 janvier 2004

Le choix, ou plutôt le non-choix, de jouets présentés aux enfants les conduit à intérioriser des comportements normés propres à leur genre : soumission, passivité, paraître pour le genre féminin, agressivité, puissance et domination pour le genre masculin.

Apprendre à faire comme maman

On prépare les filles à un futur rôle de mère (poupées en tout genre) et de parfaite ménagère (fer à repasser, dînette, aspirateur, etc.) en leur rappelant qu'elles doivent tout mettre en œuvre pour plaire aux garçons selon des critères de beauté imposés (boîte de maquillage, modèle de la poupée Barbie).

Tu seras un homme mon fils

Du côté des garçons, c'est la valorisation du règne de la violence ; les jouets guerriers emplissent les rayons et leur descriptif utilise le même vocabulaire que celui du matériel employé dans les « vraies » guerres (longueur de portée de tir, lance-missiles, etc.). Réservés aussi aux garçons les domaines de la science (panoplie de médecin, tandis que celle de l'infirmière est aux pages des filles, petit chimiste), et des techniques (trains, voitures, garages, mallettes de bricolage). Enfin, les jouets qui leur sont proposés véhiculent la puissance (Action man super musclé) et l'esprit de compétition (circuit auto, baby-foot).

On retrouve donc à travers les jeux proposés aux enfants les mêmes rapports que dans le monde des adultes ; rapports basés sur la domination masculine où les hommes se doivent d'être forts, virils et protecteurs tandis que les femmes sont cantonnées à la sphère domestique, et conditionnées à jouer les princesses. Illustration de cet état de fait, 80% des tâches ménagères sont encore effectuées par les femmes et 2 millions de femmes sont battues par leur conjoint chaque année en France.

Les jeux et jouets, tels qu'ils sont exposés aux enfants, participent donc pleinement à la construction des genres féminins et masculins en véhiculant les stéréotypes sexistes. Quand on sait que le jeu tient une place fondamentale dans le développement d'un.e enfant puisqu'« il participe à son éveil, à sa structuration psychique et par conséquent à la structuration de sa personnalité[[Serge Chaumier, La Production « du petit homme ».]] », on ne peut que dénoncer le cloisonnement dans lequel il enferme les enfants.

Enfin, cette répartition sexiste des jouets révèle l'hétérosexisme ambiant en leur proposant un modèle unique de relations futures : le couple hétérosexuel (maman/papa, la princesse/le prince) sans possibilité d'envisager d'autres formes de relations telles que l'homosexualité, la bisexualité, le célibat.

La campagne contre les jouets sexistes, outre les actions et débats qu'elle organise, propose un contre-catalogue mettant en parallèle les jouets pour enfants et les relations hommes/femmes dans le monde adulte. Une page du catalogue est aussi consacrée aux alternatives possibles ; jeux coopératifs valorisant l'entraide et non l'esprit de compétition ainsi qu'une bibliographie d'albums de jeunesse non sexistes.

N.