Des luttes écologistes de l'Union régionale Bretagne de la Fédération anarchiste

mis en ligne le 17 avril 2003

Procédons en faisant un récapitulatif de ces luttes, dans lesquelles nous apparaissons collectivement, ce qui reviendra à ne pas relater ce que nombre d'entre nous peuvent faire individuellement: compostage des déchets, utilisation de lampes à basse tension, déplacements à vélo, végétarisme, etc.

Pour nous, il faut bien le dire, nous orientons beaucoup nos idées à destination des personnes plus ou moins conscientes qui s'activent dans les manifs. Notre but est de radicaliser ces personnes, c'est-à-dire faire en sorte que les problèmes soient traités à la racine: 1. Ce qui arrive est dans la logique du système capitaliste; 2. Le gouvernement n'est pas un moyen de combattre ce système mais il en est au contraire un élément; 3. Des réponses sincères ne peuvent exister que par la prise en main de nos affaires, par leur autogestion. Ceci est un effort qui avancera par l'expérience.

L'eau

La question de l'eau en Bretagne est devenue tellement primordiale qu'il en découle (si j'ose dire !) des manifestations de rue ! « Patrimoine commun, élément indispensable à toute forme de vie, l'eau devrait faire l'objet des soins les plus attentifs. Les problèmes graves qu'elle pose aujourd'hui témoignent, au contraire, de la désinvolture avec laquelle les pouvoirs publics l'ont jusqu'à présent traitée. »

« Agriculture en plein délire, laxisme et complicité des pouvoirs publics, bénéfices considérables pour les compagnies privées. » Refuser de déléguer notre pouvoir pour pouvoir reconquérir l'eau et affirmer la nécessité d'en faire un service public, tel était le sens de la mobilisation de la FA à la manif Pour une eau pure à Pontivy (56) le 21 mars 1999. Nous terminions ainsi: « Le service public, c'est de l'eau pour tous, le service au public c'est de l'eau gratuite et de qualité pour tous, le service d'utilité sociale, c'est quand l'eau est gratuite et de qualité en faisant payer les multinationales fabricantes de pesticides. » En avril 2001, pour la deuxième grande manifestation pour l'eau pure, nous remettions le couvert à Lamballe (22).

L'agroalimentaire

Ainsi que nous venons de le voir, s'interroger sur la question de l'eau en Bretagne rend incontournable une analyse de l'industrie agroalimentaire. Ce système, qu'il faut bien appeler de destruction de l'environnement et d'élimination de la petite paysannerie, a été finement étudié par Jean-Pierre Tertrais du groupe La Commune de Rennes, dans sa brochure Pour comprendre la « crise » agricole, éditée en 2001. En tant qu'individus et groupes anarchistes, notre activité militante est là des plus classiques, nous nous mobilisons aussi, à l'instar d'Eaux et Rivières, pour signer les cahiers d'enquête d'utilité publique et incitons la population à le faire par voie de presse et de tracts. Plumergat en 1999, Merlevenez en 2002, etc. On peut dire que la campagne, menée en automne 2001, contre l'institut de Locarn qui rêve de « faire avec la mer ce qui a été fait avec l'agriculture en Bretagne » (propos du P-DG Le Hénaff) revêtait des caractères écologistes certains car c'était là s'en prendre aux promoteurs et aux décideurs du modèle agricole breton. Dans le Morbihan, nous sommes partie prenante d'un collectif de vigilance sur les agissements de ce réseau patronal.

Les marées noires

En ce qui concerne le naufrage de l'Erika en décembre 1999, affrété par la compagnie TotalFina, nous fûmes tout de suite dans les collectifs opposés à la marée noire. Agitation, prise de conscience, organisation des manifestations, nous étions au même rang que d'autres. Encore une fois, nous mettions en évidence le fait que la logique de profit, dans sa volonté d'accumulation du capital et de réduction des coûts, aboutissait « naturellement » à ce genre de catastrophes: pavillons de complaisance permettant la circulation de bateaux-poubelles, avec des équipages sous-payés et une sécurité méprisée, etc. Face à cette évidence, il n'est pas possible de n'apporter que des solutions techniques (bateaux à double coque, renforcement des garde-côtes, etc.), impasse dans laquelle s'enferment plus ou moins adroitement les gouvernements pour masquer leur responsabilité et leur incapacité. Un changement de système global est à mettre en œuvre car le trafic maritime, déjà immense, en particulier dans le rail d'Ouessant, ne cesse de se développer. Pour nous, il faut alors en finir avec la propriété privée des réserves de pétrole et des navires transportant les hydrocarbures, assurer le contrôle des bateaux par les organisations des marins qui doivent en assurer l'autogestion. Des camarades se sont investis sans compter dans le collectif Marée noire. La FA a édité deux affiches sur ce thème, dont une à l'initiative du groupe de Nantes. Nous avons réalisé un journal mural que nous avons collé sur les villes côtières pendant l'été. Plus modestement, à l'instar des collectifs locaux, car nous n'étions pas directement touchés, nous nous sommes aussi dressés dans la rue contre le naufrage du chimiquier Ievoli Sun qui a coulé fin 2000, un an après l'Erika, ainsi que contre la marée noire liée au Prestige.

Anti-OGM

Sur le terrain anti-OGM, dont notre approche ne se situe pas spécialement sur le terrain écologiste, alors que les médias essaient de l'y cantonner, nous mettons largement en avant le brevetage du vivant par les firmes, ce qui revient à accentuer encore plus leur mainmise sur l'ensemble du monde paysan. Dans le Morbihan, avec la Confédération paysanne et Attac, nous animons un collectif anti-OGM. Nous avions d'abord relayé l'information par la diffusion de tracts devant les supermarchés en 2000 et, en 2001, par des conférences débats.

En 2001 et en 2002, ce collectif a relayé les Journées internationales de luttes paysannes du 17 avril (Via Campesina) :

1. En 2001, sur la problématique des OGM, organisation d'une manif devant l'Inra (35) et conférence à Rennes avec trois intervenants: la Conférence paysanne, Attac, la FA.

2. En 2002, nous avons manifesté au son des casseroles, comme en Argentine, contre la répression du mouvement social dans le marché de Vannes (« contestation réprimée, planète en danger »): déguisements, pancartes, etc.

Sur Nantes, c'est un collectif autonome qui s'est créé avec différentes mobilisations (manifestations, occupations de bateaux sur le port de Saint-Nazaire, actions dans des grandes surfaces).

Incinérateurs

Pour traiter les déchets, on nous « propose » des incinérateurs. Disons que les élus peu attentifs, parfois ignorants en la matière, d'autres fois achetés, en tout cas acquis à la logique de croissance, acceptent les incinérateurs. Il y en a pour traiter les déchets de l'agroalimentaire, il y a ceux pour les ordures ménagères. Nous nous opposons aux deux. Ainsi, en février 2002, nous étions à Plouray contre le projet de Doux d'incinérer les farines animales.

La population française se retrouve avec un stock de farines animales dont il faut se débarrasser. L'incinération est une échappatoire car ce procédé génère lui-même des pollutions (dioxines et métaux lourds). Incinération et usines de retraitements sont les moyens de maintenir la production actuelle alors que c'est celle-ci qu'il faut réduire. Les habitants doivent alors faire face à un problème dont ils n'ont pas eu à débattre et à décider avant de s'engager dans cette voie. Le marché de l'incinération est très lucratif car les communes s'engagent souvent pour vingt ans, les concessions ne sont pas sans rappeler celles du marché de l'eau. Il faut bien constater que ce sont souvent les mêmes compagnies qui sont présentes sur ce marché (Vivendi, par exemple). S'il existe des solutions techniques plus écologiques (méthanisation), pour nous il est important d'en finir avec le mythe de la croissance, de limiter l'emballage excessif, de rompre avec le productivisme. En Bretagne, de multiples collectifs sont nés en réaction à tous les projets. Là où nous sommes présents, nous nous investissons dans ces collectifs. À force de manifestations et d'échanges, des liens inter-collectifs se forment: une prise de conscience que c'est un système global qui est à combattre se fait jour, chaque collectif local se pare systématiquement de l'attribut « ni ici ni ailleurs », témoignant d'un non-repli sur soi et même d'une véritable solidarité. Comme nous, de nombreuses personnes n'hésitent plus à grossir les rangs de chaque manifestation: 3000 personnes à Carhaix en septembre 2002, 2000 personnes à Vannes le 15 mars 2003.

Sur le plan nucléaire, je cite simplement les grandes campagnes dans lesquelles nous nous sommes investis, et que nous continuons à mener d'ailleurs, car cela fait partie de nos activités régulières: lutte contre le projet de centrale nucléaire au Carnet (44) en 1997; en 2000, lutte contre les projets d'enfouissement de déchets nucléaires ; en octobre 2001, grande manifestation antinucléaire de Nantes; au printemps 2002 contre le bateau français Défi Aréva basé à Lorient; en juin 2002 contre le nucléaire civil et militaire à Crozon (29).

Conclusion. Sur plusieurs fronts, ce n'est pas d'hier que la Fédération anarchiste est présente dans les luttes écologistes, il peut même être dit que nous faisons partie de leurs paysages « naturels », tant les drapeaux noirs et nos tracts sont devenus coutumiers. Affirmant notre critique du mythe de l'abondance, de la croissance qui serait bonne pour l'emploi, comme le chantent malheureusement les pouvoirs publics, le patronat et ses médias, mais aussi malheureusement nombre d'organisations syndicales, nous ne changeons pas notre fusil d'épaule.Au contraire, c'est fort de nos bases anticapitalistes, antiautoritaires et de la revendication de l'organisation sociale selon le principe du fédéralisme, que nous abordons sereinement ces questions.

Stéphane




COMMENTAIRES ARCHIVÉS


notre dame des landes bred iri

le 8 novembre 2012
bonjour
lutte en Loire inférieure

vidéo de soutien à l'ACIPA à faire circuler merci

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=HquPeRdIYZI