S'il y a un problème c'est le système capitaliste

mis en ligne le 10 avril 2003

Régulièrement depuis au moins dix ans avec d'autant plus d'insistance, revient le prétendu problème des retraites souvent associé avec le financement de la Sécurité sociale. Chacun y va de son couplet à grand renfort de chiffres sur la démographie, la croissance, l'espérance de vie galopante, etc. Les rapports succèdent aux rapports, plus techniques et plus incompréhensibles les uns que les autres pour en laisser l'interprétation aux experts de tout poil (du permanent syndical au chercheur de l'Inserm).

Responsabilité syndicale et politicienne

La dernière élection présidentielle a donné de l'assurance à un président et à un gouvernement élus a 82 % des suffrages. N'en déplaise aux farceurs de la gauche, de l'extrême gauche et des syndicalistes aux ordres, le plébiscite de Chirac sera déterminant sur la perception de sa légitimité politique.

La Bourse ou la vie

Le système de solidarité, dit de répartition, est le seul au monde à résister aux assauts de la spéculation Mais quand la capitalisation apparaît, même à un faible pourcentage, c'est tout le système qui est mis à mal. L'exonération des charges sociales sur les cotisations à la Prefon ou sur l'épargne salariale permet surtout d'avantager financièrement l'encadrement dans la fonction publique et de ne pas augmenter les salaires dans le privé.

Heureusement, les effondrements de certains fonds de pension et la ruine de leurs « épargnants » ont donné un coup d'arrêt à la propagande politique et médiatique sur ce système qui change de nom mais pas de contenu.

Collaboration syndicale ordinaire

C'est par un communiqué laconique du 29Éjanvier 2002 que la CFDT, CFTC, CGC et CGT nous apprennent qu'ils vont prendre soin des salariés et gérer majoritairement l'épargne salariale dans des investissements qu'ils auront jugés « corrects ou éthiques ». Le 8 janvier 2003 Le Canard enchaîné nous apprend que les gestionnaires des Assedic où figurent tous les syndicats représentatifs, viennent d'accepter que la cotisation de retraite des chômeurs soit multipliée par 2,5! Dans ce domaine il y a avait déjà l'Arpe que défendent tous les syndicats et qui permettait aux patrons de se débarrasser des salariés âgés en tirant des fonds des Assedic, etc.

La base et le sommet

L'exemple d'EDF-GDF est significatif à cet égard. Un accord concocté avec les syndicats dont la CGT -- qui a la majorité absolue dans ces entreprises -- vient d'être rejeté par des travailleurs qui ont flairé le piège de l'adossement au régime général et refuse les « augmentations jugées nécessaires ». Dans les autres entreprises publiques ou administrations, c'est la même contradiction entre des syndicalistes de base, souvent sincères mais crédules, et des permanents jouant le double jeu, négociant en catimini des accords bidons.

Ni démagogie ni défaitisme

Si certaines revendications pour l'égalité entre public et privé réapparaissent et nous réjouissent, il ne faudrait surtout pas tomber dans la démagogie. Les attaques sur le privé ont eu lieu en 1993 et n'ont pas donné de réactions notables. Pour revenir sur les décisions de l'époque, il faudra que les travailleurs du privé s'y mettent, et ce ne sont pas des déclarations d'intention qui pourront changer les données. Quant aux déclarations sur le maintien des régimes spéciaux pour les travaux pénibles, tous ceux qui se sont bagarrés pour qu'ils existent (hormis les secteurs répressifs où la fonction sociale de maintien de l'ordre a été déterminante) savent qu'ils ont été obtenus de haute lutte et qu'ils ne seront maintenus ou étendus que par elle.

La croissance, une solution ?

Des chiffres sur le PNB (produit national brut), considéré ici et là comme la richesse, nous interpellent sur le devenir du monde. En effet, les promoteurs, malheureusement trop nombreux, oublient, quand cela les arrange, les dégâts irréversibles de cette solution miracle et ce que cachent les chiffres. L'exemple de l'accident de la route est le plus parlant puisque, en faisant intervenir police, ambulance, dépanneur, garagiste, hôpital, médecin, pharmacien, assurance, justice, etc., un trajet qui finit mal est censé enrichir la nation plus qu'une arrivée à bon port! On comprendra aisément toute l'hypocrisie et l'absurdité qui règnent dans ce domaine et que de réelles catastrophes pour l'humanité soient une aubaine pour le capitalisme.

Pourquoi accepterions-nous des sacrifices ?

Le système capitaliste est incapable de répondre aux aspirations les plus élémentaires comme la possibilité de vivre tranquille après des années de labeur. Il montre qu'il peut dépenser des sommes considérables pour l'armée, la guerre, la police, les politiciens, etc., laisser mourir de froid, de faim ou d'ennui des milliards d'individus et contaminer la planète entière pour assouvir ses besoins de profit. Il atteint maintenant ses limites en mettant l'humanité en péril. Il appartient donc aux hommes et aux femmes de relever le défi incontournable d'achever ce système inique et de réaliser leur émancipation.

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