Chronique de la répression lyonnaise

mis en ligne le 8 novembre 2004

Lyon

Tout a commencé le 23 avril à 6 heures du matin avec l'expulsion simultanée par le GIPN et les CRS de deux squats, la «Casa Félix», lieu d'habitation et la «Mauvaise pente», lieu d'activité «en opposition aux rapports de pouvoir et de profit», fonctionnant tous deux avec l'autogestion comme moteur.

En réponse, une manifestation «contre la casse des quartiers, contre la justice des riches, contre la spéculation immobilière et contre les expulsions», a eu lieu vendredi 25 avril à Lyon.

Cette manifestation s'est terminée sans heurts mais sous la pression constante de la police, avec l'occupation de l'ancienne banque Barclays, superbe bâtiment vide situé devant l'Hôtel de ville de Raymond Barre et l'élitiste Opéra de Lyon.

Plus d'une heure après le départ des dernières personnes, une première interpellation a eu lieu : plusieurs policiers en civil ont arrêté sans raison un manifestant rentrant chez lui. Celui-ci n'a pas résisté mais se retrouve aujourd'hui inculpé de «coups et blessures sur trois agents des forces de l'ordre ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à huit jours».

Une dizaine de personnes est alors allée devant le commissariat pour attendre sa sortie. Là, sans aucune raison, des policiers en civil ont chargé jusqu'à l'intérieur d'un café, frappant plusieurs individus et interpellant une seconde personne (inculpée aujourd'hui d'inscriptions sans autorisation sur bâtiment public) puis une troisième qui essayait calmement de s'interposer (elle est inculpée également de «coups et blessures sur un agent»)...

Ces arrestations ont été suivies de coups et d'insultes, à l'intérieur même du commissariat, ce dont témoigne des certificats médicaux.

Il convient de s'interroger sur les motifs qui ont poussé la police à agir de telle sorte, aussi bien dans le déroulement violent des interpellations et des détentions que dans le caractère mensonger des accusations de violence à agent. Il n'apparaît comme hypothèse crédible à cette attitude qu'une volonté de criminaliser, discréditer, et décourager celles et ceux qui soutiennent ou revendiquent les occupations illégales de locaux.

Les exemples récents du mouvement de novembre-décembre 1995, de la lutte des sans-papiers ou des ouvriers de Renault-Vilvorde illustrent aussi cette situation qui relève d'un État policier.

Par ailleurs, c'est également dans le travail quotidien de la police que se manifeste ce type d'attitude, aux conséquences graves pour les personnes concernées (insultes, coups, humiliations, voire viols et meurtres...).

Le procès de ces trois personnes aura lieu le 12 juin à 14 heures au palais de justice de Lyon.

Il est inutile de rappeler ici les nombreux frais qu'occasionne une affaire comme celle-ci. Nous avons besoin d'argent pour les frais de justice des trois inculpés, mais aussi pour tout le travail de dénonciation de l'État policier (affiches, débats, actions...).

Vous pouvez participer à cette lutte en envoyant des lettres de soutien, individuelles ou d'associations demandant la relaxe des trois inculpés, en faisant circuler l'information, notre pétition...

D'autres collectifs de soutien aux inculpés ou victimes de violences policières existent en France, et il ne fait malheureusement nul doute que d'autres vont être amenés à se créer en réponses aux attaques policières de plus en plus courantes contre les mouvements sociaux. Reste à nous organiser, à former des réseaux locaux et nationaux, pour mettre en place une résistance efficace.

Collectif contre les violences policières.