220 000 IVG par an en France : où sont les hommes ?

mis en ligne le 14 janvier 2015
Même si l’activité sexuelle peut être présentée comme une rencontre entre partenaires à priori égaux, ceux-ci ne le sont pas face aux risques qui découlent de la rencontre. Ce pouvoir des femmes est reconnu par la loi : c’est à la femme de décider si elle désire ou non interrompre sa grossesse, les médecins sont les garants de l’authenticité comme du respect de cette décision. Un mari ou un partenaire ne peuvent ni imposer une IVG ni s’y opposer contre l’avis explicite de la femme enceinte.
La légalisation de l’avortement entretient, en France, des liens étroits avec la libéralisation de la contraception de sorte que la pilule, entendue exclusivement comme pilule féminine, ressort comme un élément important de la révolution contraceptive. Si la relation des hommes à la contraception est un thème peu investi par les sciences sociales, la recherche médicale ne s’en est pas saisie non plus.
Une enquête réalisée par l’Ancic a été menée en 2010 auprès d’hommes confrontés à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) de leur partenaire afin de mieux connaître leur vécu et d’améliorer leur information et leur accueil dans les centres d’orthogénie. Elle vise aussi à améliorer les relations homme/femme face à l’IVG. Il est attendu à terme qu’une meilleure information de l’homme sur la contraception et l’IVG contribue à diminuer le recours à l’IVG en France.
Aborder l’IVG du point de vue du vécu subjectif des hommes apparaît comme une démarche novatrice. En effet, il existe très peu de travaux se proposant d’étudier cette question en raison notamment d’une grande difficulté pour identifier et recruter les partenaires sexuels impliqués dans une grossesse non souhaitée.
Les résultats de l’enquête confirment les hypothèses de départ. Les hommes sont isolés face à cet événement, un sur deux ne se confiant à personne (hors sa partenaire sexuelle). Pourtant, l’événement est considéré comme douloureux par un homme sur trois. La demande est réelle pour une meilleure prise en charge par les professionnels de santé. L’enquête a permis aussi de savoir que quatre femmes sur cinq se rendent seules, sans leur partenaire, dans un centre d’IVG et qu’elles sont donc aussi très isolées face à cet événement.
Pour les hommes, l’IVG peut être l’occasion de découvrir sa fertilité, celle de sa partenaire, de se questionner sur son souhait de paternité ou pas, de s’interroger sur les relations de couple qu’il souhaite vivre, de faire le point sur les méthodes de contraception, leur choix et qui en prend la responsabilité.
Aucune disposition légale n’existe pour les hommes et pourtant ils peuvent ressentir le besoin de s’informer sur le processus et les méthodes d’IVG ; ce peut être l’occasion de dialoguer sur les questions de fonctionnement des corps humains, masculin et féminin, de sexualité, de relations affectives.
Messieurs : à quand un opuscule sur « votre corps vous-mêmes » ? Nous avons toutes et tous à y gagner !