Certaines féministes sont contre l’ordre moral… tout contre

mis en ligne le 23 octobre 2014
La campagne menée depuis des années par certaines féministes pour l’abolition de la prostitution semble avoir trouvé son apogée avec une nouvelle loi qui « pénalise les clients ». Nombre de féministes exultent. On est pourtant loin de l’abolition, qui de toute façon n’est crédible à court terme que pour les naïfs. Tout au plus le travail des prostituées de rue sera rendu plus difficile, car non seulement la loi n’a pas d’objectif social mais elle va au contraire avoir essentiellement pour effet d’accompagner la gentrification, en quelque sorte « nettoyer les trottoirs ». C’est en tout cas ce que laissent penser les informations en provenance de Suède, Norvège, Écosse où les clients sont pénalisés depuis plusieurs années… On voit alors que défendre les « victimes » sans leur consentement risque fort de leur nuire.
Il est des féministes qui depuis maintenant un dizaine d’années se sont permis tous les coups : colporter des rumeurs urbaines comme le fait que des dizaines de milliers de prostituées étaient importées en Allemagne spécialement à l’occasion de la Coupe du monde de football ou encore l’histoire répétée épisodiquement de femmes sommées d’accepter un emploi d’hôtesse de bar sous peine de radiation du chômage… Il y a eu aussi de leur part le refus permanent d’admettre que des prostituées puissent être indépendantes (cachez cette prostituée que je ne saurais voir, surtout que ça contredit mon analyse manichéenne), le refus de prendre en considération l’expression « travailleurs du sexe » alors qu’elle est employée par un syndicat regroupant des prostituées et bien sûr le désintérêt total du fait que nombre de prostitués soient des hommes…
Leur truc à elles, c’est la compassion pour les victimes. Elles portent dans leur conscience la souffrance endurée par la partie féminine de l’humanité pendant des millénaires de patriarcat. Les hommes ne sont pas en droit de contester, même s’ils sont anarchistes et qu’ils dénoncent le patriarcat. De toutes façons, elles se réunissent entre elles. Certaines même le disent explicitement : les hommes sont toujours coupables.
Les anarchistes sont pour l’abolition du salariat… il n’empêche qu’en attendant des jours meilleurs la plupart sont salariés. Et bien souvent pour un travail pas vraiment choisi… Bien sûr, nous sommes pour l’abolition de la prostitution, mais en attendant ? Il y a des personnes qui ont choisi la prostitution, même si ça peut aussi être un choix par défaut. Mais il y a des féministes pour dire que là ça n’a rien à voir, car cette fois il est question de sexe… Mon Dieu quelle horreur ! Et s’il y a sexe alors il y a domination… Bah voyons ! C’est tellement simple…
La plupart d’entre nous, en France, ont reçu une éducation soit religieuse, soit plus ou moins influencée par la religion. Certains ont plus ou moins réussi à s’en débarrasser. D’autres ont eu plus de chance et ont été moins réceptifs à cette idéologie qui veut que sexualité soit synonyme de problème.
On pourrait même formuler l’hypothèse que, si la sexualité ne faisait pas tant « problème », il n’y aurait peut-être pas tant de prostitution. Cette éducation, quelle que soit la religion qui l’influence, produit une morale (moraline si l’on préfère) qui a une capacité extraordinaire à fabriquer des frustrés volontaires. Et il s’en trouve toujours pour vouloir imposer leur morale aux autres. Les libertaires, partisans de l’émancipation des individus, ne peuvent que combattre les religions, entre autres pour cette raison.
Il y a quelques temps, sur Radio libertaire, un membre du Strass (Syndicat du travail sexuel) s’estimait « capable de baiser avec n’importe qui » et disait comprendre que ce ne soit pas le cas de tout le monde mais aussi moins comprendre qu’on puisse vouloir l’en empêcher, y compris d’en tirer un revenu…
Si la loi est la même pour tous, alors elle ne distingue pas les différences. En l’occurrence, elle ne distingue pas entre les prostituées que l’on peut qualifier d’esclaves, victimes de réseaux de proxénétisme et celles et ceux qui pour diverses raisons arrondissent les fins de mois, voire en font leur job quotidien. C’est la caractéristique de tout État d’adopter des lois qui mettent tout le monde dans le même sac. Mais la réalité n’est pas celle que voient les députés, qui en l’occurrence ont surtout vu ce que leur a montré le lobby abolitionniste dans lequel se trouve des associations d’obédience catholique.
Alors que la loi est en discussion au Sénat, des élus ont récemment pétitionné pour dire en particulier : « Comment éduquer nos enfants dans l’égalité entre filles et garçons si les hommes peuvent exploiter la précarité des femmes pour leur imposer un acte sexuel par l’argent ? » Raisonnement consternant : encore une fois on nie la présence des hommes prostitués (avec des clients ou des clientes), on nie la prostitution volontaire (minoritaire bien sûr, cela signifie bien alors que son abolition relèverait purement de la morale dictée par les religions) mais aussi on laisse croire que les prostituées acceptent tout pour de l’argent. En quelque sorte ce ne sont pas des personnes, mais des robots, des distributeurs d’actes sexuels. C’est vraiment très attentionné…
Les anarchistes seraient en contradiction avec eux-mêmes s’ils prenaient des décisions concernant la vie quotidienne d’autrui, a fortiori contre son avis… On peut donc regretter que certains se soient laissés entraîner par les bons sentiments prônés par des réformistes bourgeoises au point de soutenir une loi répressive qui n’est en fait qu’un aveu d’impuissance par rapport au proxénétisme.
Les anarchistes, traditionnellement, considèrent que la répression n’est jamais une solution ni pour la société ni pour les personnes impliquées. Ne soyons pas naïfs, nous savons bien que la prohibition n’a jamais rien arrangé (alcool, drogues…). La répression n’est une solution que dans la tête de ceux (et celles) qui refusent de voir la réalité.
Si la répression avait un effet dissuasif cela se saurait. En outre, il a toujours paru évident aux anarchistes que ce sont les conditions sociales qui sont à l’origine de la prostitution. Alors la solution ne serait-elle pas de s’attaquer aux causes ? Là, on sait bien qu’on ne va pas pouvoir compter sur les gouvernements libéraux de gauche ou de droite ni non plus sur les religions, pour lesquelles il n’y a de problème que moral… encore qu’elles ne semblent pas voir l’injustice sociale comme un problème moral. L’injustice sociale serait plutôt la faute du destin, mieux vaudrait se résigner et faire une prière, si ça ne change rien au moins ça garantit le paradis… et surtout la paix sociale !
Malheureusement, on ne pourra pas non plus compter sur ces féministes qui analysent le monde comme une guerre des sexes – ne voyant pas que pleurnicher continuellement sur le sort des « victimes » n’est pas plus efficace que de prier – alors que nous avons pourtant les mêmes intérêts quand nous plaidons pour l’égalité de tous les individus. 



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


Amin

le 14 novembre 2014
C'est du monde libertaire ça ? On dirait Houellebecq avachi sur le zinc... Une autre Robert !!

Rikomer

le 28 novembre 2014
Il faut distinguer plusieurs groupes de féministes. Il y a les pro-sexes qui sont certes minoritaires mais qui existent. Ce qui est paradoxal chez les autres féministes, c'est qu'en voulant défendre les femmes, elles multiplient les interdits moraux concernant les dites femmes et de ce fait nient leur propre liberté. Nous avons combattu des siècles l'emprise de la religion et de la société sur les femmes pour finir par revenir à une nouvelle moralité les concernant. Il n'y a qu'à regarder la plupart des féministes: elles ont une tenue vestimentaire qui ne choquent pas les plus religieux, il ne leur manque que le voile.
La plupart des féministes considèrent que le comportement d'une femme regarde toutes les femmes, de leur côté, on ne trouve pas d'hommes qui critiquent le comportement d'un autre homme pour la raison que cela déconsidérerait tous les hommes ni qu'un comportement ou une tenue vestimentaire ferait le jeu des femmes. C'est là le grand échec des féministes: elles ne luttent plus pour l'égalité et la liberté des femmes mais pour une morale bourgeoise.
Certes il y a des prostituées esclaves, généralement les réseaux les tiennent par l'endettement, la terreur ou la famille restée au pays, mais sur le plan des principes, la prostitution n'est pas en elle-même la cause de ces malheurs.

faure60

le 12 décembre 2014
Je suis d'accord avec Amin " un autre Bob ! ,,,," Comment peut on légitimer l'existence de la prostitution en rendant compte d'une minorité qui serait "indépendante(10 % , des prostituéEs ) et en plus, prendre un exemple minoritaire ( la prostitution masculine... ) , dans la minorité pour justifier la prostitution.En début de semaine , dans le Tram , ici à Bordeaux j'ai vu une prosituée être giflé par son proxénète .Comment fait on pour pour distingue unE prostituéE consentante d'une autre ? Comment fait on pour savoir si "le métier " de prostituéE a été librement consenti ? Doit on la ou le croire quand il dit qu'il/elle n'a pas de proxénète ? Pourquoi les hommes (peu de femmes ) ont ils recours a des prostituées pour soulager leurs besoins sexuels ? La misère sexuelle justifie t-elle de garder les choses telles qu'elles le sont depuis très longtemps et en son nom ? La prostitution est elle la conséquence de la misère sexuelle ou bien procède t-elle de la même cause (et à égalité )Ne doit on pas aborder les choses autrement ? La misère affective et sexuelle n'a telle pas pour origine une impossibilité à communiquer et à formuler ses désirs ? ( Les hommes sont très "lourds " dans l'affirmation de leur désir (et les femmes aussi parfois,,,) C'est quoi cette reflexion sur l'habillement des féministes par Rikomer ? Doivent elle lui faire plaisir en s'habillant autrement ,et débattre devant lui ( et puis quoi encore...) Les syndicat débattent-ils de leur stratégie en présence d'un représentant du MEDEF ? En 2014 un être de genre masculin peut-il être féministe ? N'y a t-il pas du ressentiment affectifs et sexuel dans ces deux textes ? Quant à mi je ne suis pas client !

faure60

le 12 décembre 2014
(Suite de mon commentaire trop long )
La difficulté de séduire une fille (ou un garçon) entraîne elle la nécessité d'en trouver unE qui va dire "oui" tout de suite , dans le cadre d'un travail qui consiste à dire "oui " de telle heure à telle heure ? Donc dans une relation qui serait non consentie en dehors de ce travail ? Il n'est pas exprimé dans l'article d Furet le dégout des prostituée "volontaires" quant à ce qu'elles doivent endurer , elles aussi (comme les autres "esclaves " , dans "leur métier "; Le fait qu'elles n'auraient pas de proxènète , de "souteneur" , de "protecteur ", de mec quoi , suffirait-elle à les rendre disponible par le consentement ,et épanouies dans leur travail,Un seul témoignage est cité en exemple : celui d'un mec qui peut " baiser avec tous le monde " (Une minorité dans la minorité d'une minorité encore,,, ! )
Justifier l'esclavage tarifé des prostituéEs en faisant valoir l'esclavage salarié des autres travailleurs , fallait le faire , et comme le dit Amin " C'est pas Le Monde Libertaire ça "

faure60

le 12 décembre 2014
dans #4 lire : "...de les rendre consentantes par leur "disponibilité"..."