Parité, égalité, priorité

mis en ligne le 17 avril 2014
Parité ? Égalité ? En Espagne, le gouvernement autonome de la communauté valencienne a tranché. Dans sa décision publiée le 3 avril, son ministère des impôts vient de mettre les points sur les i à l’occasion du concours interne à l’Inspection des impôts pour obtenir un poste de technicien supérieur. Un jury composé de deux hommes et cinq femmes est chargé de juger des résultats et mérites des candidats. Comme pour tout concours, il y a évidemment plus de postulants que de places, plus de prétendants que d’élus, et donc parfois non pas un cas de conscience (on ne leur en demande pas tant), mais un casse-tête pour départager deux candidats en ballottage pour un même poste. Dans ce cas-là, pas de panique, la Generalitat (gouvernement) de Valence a tout prévu. En cas d’égalité de résultats entre deux hommes, le poste à pourvoir sera attribué à celui qui aura le plus d’ancienneté dans cette corporation. Si les candidats y sont entrés en même temps, et qu’ils sont donc toujours à égalité de mérite et d’ancienneté, le critère retenu sera celui de l’ordre alphabétique de leurs noms. Mieux vaut donc s’appeler Goya que Zurbarán !
Comme la nature, les gouvernements ont horreur du vide. Alors pour fignoler un peu plus tout ça, le ministère des Finances a également prévu le cas de deux candidats – homme et femme – arrivant à égalité en ce qui concerne leurs résultats à ce concours. Que croyez-vous donc qu’il ait été décidé en ces temps de parité, égalité etc ? S’il y a égalité entre un homme et une femme, le poste à pourvoir sera attribué au candidat (ou à la candidate) le plus ancien dans l’institution. Oui mais, s’il y a toujours égalité direz-vous ? Simplissime : le poste sera attribué au candidat de… sexe masculin étant donné que le « sexe masculin » est le moins représenté dans ce corps de fonctionnaires. Cette mesure est une application du plan Igualdad (« égalité ») en faveur de la discrimination positive. En l’occurrence elle donne la priorité à l’homme sur la femme pour accéder à un poste de technicien supérieur du corps des inspecteurs des impôts de la Generalitat de Valence. On s’étonnera juste que cette discrimination positive n’intervienne pas de manière aussi radicale quand il s’agit de donner la priorité aux femmes dans d’autres corps de métiers où elles sont minoritaires.
Le ministère régional des impôts s’est évidemment empressé de préciser que le cas d’égalité parfaite entre deux candidats ne s’est jamais produit dans ce genre de concours. Quant aux syndicats institutionnels de la fonction publique, ils admettent pour leur part que si cette pratique de départage d’éventuels ex aequo peut sembler « étrange », elle n’en est pas moins conforme à la loi. Donc, rien à redire. Avec des radicaux de ce type, la cause des femmes est entre de bonnes mains ! Nous n’aurons décidément que ce que nous prendrons.


Rosine Pélagie
Groupe Salvador-Seguí de la Fédération anarchiste