Peine de mort : toujours d’actualité

mis en ligne le 16 mai 2013
Balancer des chiffres dans ce genre de dossier devient banal, pourtant on se doit de lire ceux que donne Amnesty International dans son dernier rapport. Ils sont plus qu’alarmants, qu’on en juge sur pièce : aux 314 exécutions selon les chiffres officiels, Amnesty insiste pour ajouter celles non confirmées en Iran, ce qui augmenterait les chiffres officiels de presque les trois quarts ! Il faut savoir qu’après la Chine, l’Iran se classe au second rang des cinq pays où la peine de mort est le plus appliquée, devant… l’Irak, l’Arabie saoudite et les États-Unis !
De plus, la lutte pour l’abolition de la peine de mort a pris une belle claque cette année avec l’arrêt des moratoires et la reprise des exécutions en Inde, au Japon, au Pakistan et en Gambie. Par exemple au Japon, après vingt mois d’arrêt, le gouvernement a procédé à sept exécutions. Mais dans son rapport, Amnesty insiste sur la situation « extrêmement préoccupante » de l’Irak, où 129 personnes ont été mises à mort en 2012, soit plus du double que l’année précédente. Ces mises à mort sont souvent réalisées à la chaîne, jusqu’à 34 en une seule journée ! La prégnance de la peine de mort est surtout préoccupante au Moyen-Orient, où 99 % des exécutions sont le fait de l’Iran, de l’Arabie saoudite, de l’Irak et du Yémen (pour cause de guerre, Amnesty n’a eu accès à aucune information sur la situation en Syrie). Autre point noir dans le monde : l’Afrique subsaharienne où les exécutions ont beaucoup augmenté, notamment au Soudan et en Gambie, où le moratoire de trente ans vient de s’achever. Sur le continent européen, il est effrayant de constater que la Biélorussie continue à l’appliquer.
Naturellement, les États-Unis viennent aggraver le « score » des pays occidentaux avec pas moins de 43 exécutions. Enfin, pour les motifs, la peine capitale est prononcée dans le monde pour des raisons aussi différentes que les délits financiers, les peines liées à la drogue ou encore pour apostasie, blasphème, sodomie, adultère, quand elle n’est pas tout simplement utilisée pour réduire l’opposition au silence. Petit rayon d’espoir à la fin du rapport, Amnesty souligne que malgré ces résultats alarmants, sur la décennie, la tendance globale à l’abolition dans le monde n’est pas remise en cause… Il n’empêche que si l’on ne dénombrait encore qu’une seule et unique exécution capitale sur cette Terre, il faudrait encore parvenir à faire cesser cette aberration, véritable honte de l’humanité.






1. Au Soudan : 199 condamnations à mort et 19 exécutions ; en Gambie, 36 condamnations à mort, 9 fusillés.