Militaires de tous les pays, unissez-vous !

mis en ligne le 15 mai 2013
1706AntimilitarismeDepuis des siècles les soldats ont besoin des autres soldats pour exister. Imaginez un monde où il n’y aurait des soldats que dans un seul pays ! À quoi serviraient-ils ? Et des soldats qui ne bénéficieraient pas d’armes fabriquées par un certain nombre de philanthropes, comment feraient-ils leur métier ? Parfois, il arrive que les soldats n’ont pas assez d’autres soldats en face d’eux, alors, heureusement il y a ceux que l’on appelle les civils qui viennent offrir leur collaboration afin d’offrir des heures supplémentaires aux casernes et aux usines d’armement. Le lecteur va se dire : voilà encore un numéro d’antimilitarisme primaire. Allons donc voir du côté du Moyen-Orient pour réaliser que nous sommes bien en dessous de la réalité.

Le gang des Quatre et demi
Il y a un type qui se dit élu par Dieu, puisqu’il dirige le Hezbollah (Parti de Dieu, dans le texte), il s’appelle Hassan Nasrallah. Il sévit au Liban. Il y en a un autre, un laïc qui réside en Syrie, qui a été élu par le peuple – si, si il le dit –, son nom est Bachar el-Assad. On peut y ajouter un autre laïc, Netanyahou, élu réellement démocratiquement, il dirige un autre pays dont une partie de la population se croit investie d’une mission divine.
À ce trio il faut ajouter le dirigeant d’un État théocratique, qui n’est pas le Vatican. De son prénom, Ali, Khamenei est le guide suprême de l’Iran. Le dernier, qui ne compte que pour une demi-portion, s’appelle Khaled Mechaal, il dirige le Hamas, organisation islamique qui contrôle la bande de Gaza.
Dans le cadre de cet article on peut dire que, d’un point de vue militaire, Mechal dirige une escouade de petits bras qui bricolent quelques petites fusées qui partent faire un tour en Israël sans causer beaucoup de dégâts mais avec un impact psychologique indéniable. Ce qui permet à Tsahal (c’est comme ça qu’on doit nommer la valeureuse armée israélienne) de justifier les dépenses importantes consacrées à la défense d’Israël. C’est le terme qu’il faut donner à l’achat d’armements sophistiqués destinés à une guerre qui ne dit jamais son nom et qui se mène essentiellement contre des civils. Ce qui est une caractéristique locale, même si pas seulement.

La grande peur du danger
C’est le refrain commun de toutes les organisations militaires du monde et particulièrement dans le nôtre. Pour prévenir le danger, il faut s’armer. Si vis pacem, para bellum ! S’armer, c’est bien, mais utiliser ses armes, c’est mieux pour les soldats, il faut bien qu’ils s’entraînent et qu’ils renvoient l’ascenseur à leur fournisseur d’armes en en achetant de nouvelles. Y en a un qui est en train de se faire une bombinette, on ne sait pas s’il va y arriver, mais il faut s’y préparer. Combien cela coûte ? Que voilà une question grossière. Juste pour avoir une petite idée, le missile français qui a loupé son coup aurait coûté 120 millions d’euros ; combien aurait-il coûté s’il l’avait réussi ? Pour se défendre contre la probable bombe iranienne, Israël a acheté des avions, une centaine de F-35 Joint Strike Fighter, pour remplacer ses vieux coucous.
Depuis l’annonce de cet achat en 2006, le montant a plus que doublé pour atteindre 5 milliards de dollars… Les constructeurs américains sont très contents et leurs ouvriers itou. En face, l’Iran s’équipe aussi. Les Gardiens de la révolution ont des avions d’origine russe et l’armée régulière se dote de fusées chinoises. Il y aurait plus de 545 000 soldats dans ce pays ; son budget militaire en 2008 aurait été de plus de 9 milliards de dollars et l’actuel président en 2012 l’aurait augmenté de plus de 120 %. Il faut beaucoup de matériel pour pouvoir équiper sérieusement l’allié qui réside au Liban. Celui-là a bien besoin d’un coup de main. Il vient de se faire bousiller un joli stock d’armement, dont des missiles, qui passait par la Syrie. Le méchant qui a fait cela, c’est Israël, bien sûr. Là, cela devient un peu compliqué. L’Iran, république divinement guidée, arme des Libanais pour donner un coup de main à un Assad dont tout un chacun sait que la religion, c’est pas son truc. Sa femme n’est même pas voilée ! Au fond, qu’est-ce qui rassemble, Israël, l’Iran, la Syrie, le Hezbollah libanais et le petit Hamas ? C’est leur mépris total des populations dites civiles. Et aussi les contrats d’armement qui rapportent pas mal de fric aux intermédiaires, gouvernementaux ou pas.

La révolution et l’armée
Les révolutionnaires ont cru longtemps qu’il suffisait de faire basculer les soldats du « bon » côté de la barricade. Ce qui se passe en Syrie montre que les choses sont bien différentes. Au début, la contestation était entièrement civile et pacifique. La répression effrénée du pouvoir syrien a eu pour conséquence que nombre de militaires ont déserté et ont continué après à faire ce qu’ils avaient appris, c’est-à-dire la guerre. Ce qui fait dire à cette comédienne syrienne : « Notre rêve de révolution est devenu un cauchemar. » Partout où des militaires ont participé à une révolution de manière active, le nouveau régime est militaire.