Les femmes qui lisent sont dangereuses

mis en ligne le 13 septembre 2012
Quant à celles qui écrivent, n’en parlons pas. Ou plutôt si, parlons-en. En Espagne, devant la menace de remise en cause de la loi du 3 mars 2010 sur la contraception et l’IVG, le secrétariat « Femmes » de la CGT espagnole, appuyé par la porte-parole de l’Union syndicale Solidaires en France, réaffirme le droit pour les femmes à disposer de leur corps, et avertit Alberto Ruiz-Gallardón, le ministre de la Santé, qu’elles s’opposeront aux positions ultraconservatrices et réactionnaires du Parti populaire au pouvoir, et de la hiérarchie catholique, qui veulent imposer un intégrisme radical et religieux. Tout au long de l’histoire, le contrôle du corps de la femme a été une obsession patriarcale tendant à faire croire que nous, les femmes, étions la propriété des hommes et que, de fait, nous étions incapables de décider par nous-mêmes de notre vie. Le gouvernement, par le biais du ministère de la Justice, a dévoilé son projet de modification de la loi, consistant à rogner les libertés, ce qui mettra en danger la vie et la sécurité des femmes en les obligeant à aller au terme d’une grossesse, y compris quand « le fœtus présente des handicaps ou malformations ». Rappelons qu’il avait fallu attendre 1975 pour obtenir le droit à l’avortement, et encore sous certaines conditions : seulement en cas de maladie grave, de viol ou de malformation du fœtus. C’est seulement en 2010 que le gouvernement socialiste de Zapatero a levé ces restrictions en n’imposant plus ces justifications durant les quatorze premières semaines de grossesse, et en supprimant l’autorisation parentale exigée pour les mineures de 16 ans. La remise en question de cette loi va bien évidemment entraîner une augmentation du nombre d’avortements clandestins ou pratiqués hors du pays.
Certains propos de Gallardón ont provoqué la consternation et la colère, comme par exemple cette « perle » : « La liberté de la maternité est la seule chose qui fait des femmes de vraies femmes. » Les femmes du secrétariat CGT considèrent cette annonce « comme une attaque directe contre notre autonomie, menée par la droite ultraconservatrice, seulement intéressée par notre fonction de reproduction ».
En conséquence de quoi elles réaffirment et exigent :
– Le droit du libre choix pour la femme de rester maîtresse de son corps.
– L’égalité de traitement et la gratuité de l’acte médical sur tout le territoire national.
– Une politique de contraception intégrée dans la sécurité sociale.
– Des cours d’éducation sexuelle à l’école.
– Une formation spécifique pour le personnel hospitalier, éducatif et pour celui des services sociaux.
– Une protection juridique, tant pour les femmes ayant interrompu leur grossesse, que pour le personnel médical ayant accompli cet acte.
Ces revendications doivent stopper le projet gouvernemental, et mettre un terme à des pratiques plus sournoises consistant à étrangler financièrement les cliniques qui pratiquent l’IVG et qui ont un service de planning familial.
Et puisque nous en sommes à parler de femmes qui pensent, lisent et écrivent, rappelons que, du 24 au 28 septembre, auront lieu à Valence les journées d’hommage au mouvement Mujeres Libres (Femmes libres), pour célébrer le 75e anniversaire du premier (et unique) congrès de cette formation libertaire. Les anarcha-féministes et assimilées débattront, durant ces cinq jours, des origines et des influences de leur mouvement, de son histoire, plus précisément à Valence, et de son rôle pionnier dans le féminisme ouvrier.

Rosine Pélagie, groupe Salvador-Seguí de la Fédération anarchiste