Printemps érable au Québec

mis en ligne le 31 mai 2012
Ici la situation s’est soudainement durcie. La grève des étudiants contre une hausse progressive de 82 % des droits de scolarité dure depuis le début du mois de février. Le gouvernement refuse de céder et vient de voter une loi spéciale (aussitôt appelée « loi matraque ») qui suspend l’année scolaire et qui s’attaque au mouvement social en général. Que voici :
1. Il est interdit de manifester si on n’avertit pas la police du parcours huit heures à l’avance. La police a le droit de dévier le parcours ou de le refuser.
2. Les associations en grève doivent manifester à 500 mètres des établissements. Il est interdit d’arrêter les cours pour faire respecter le vote de grève.
3. Toute infraction est passible d’amendes, 1 000 dollars par personne pour le premier jour, le double le deuxième jour, etc. Les associations paieront des amendes allant de 12 000 à 25 000 dollars. L’État s’octroie le droit de couper les vivres aux associations étudiantes en retenant à la source les cotisations étudiantes…
4. Tout attroupement de 50 personnes et plus doit être signalé à la police.
5. Les professeurs sont passibles d’amendes s’ils encouragent la désobéissance civile et c’est au syndicat à faire la preuve qu’ils ne sont pas coupables. Suspension donc du droit de présomption d’innocence.
6. La ministre de l’Éducation et le Premier ministre peuvent voter toute loi spéciale visant à encadrer davantage toutes ces mesures.
Inutile de dire que les syndicats crient au fascisme. Jusqu’à maintenant les salopards, au lieu d’appeler à une journée de grève sociale, ont préféré laisser le climat se détériorer. Maintenant qu’ils sont aussi touchés dans leurs droits démocratiques de manifestation et d’association, ils réagissent !
Il faut ajouter que la mairie de Montréal a adopté une loi interdisant tout port de masque ou foulard couvrant le visage, pendant les manifestations. Dire qu’on attendait le Grand Prix en petite tenue !
En allant sur youtube, on peut voir Émeute à Victoriaville et autres images du conflit étudiant.
Moi, je suis encore en grève et on a appelé − avant que la loi ne soit votée − à la désobéissance civile. Maintenant que la loi est passée, on va apprendre à contourner la chose, on va devenir silencieux, mais pas pour autant servile.
Toutes les associations, même celles de droite, sont déjà engagées dans des combats juridiques et appellent à manifester contre la loi spéciale, voire à poursuivre la grève.
Le soir même, pas loin de 10 000 personnes ont manifesté contre la « loi matraque » à Montréal.
Voilà pour les nouvelles d’un Québec au printemps érable !

Tapitah