Souvenirs du Venezuela : il y a dix ans...

mis en ligne le 19 avril 2012
Du 11 au 14 avril 2002 eurent lieu au Venezuela de grandes manifestations contre le régime en place de Hugo Chavez, organisées à l’initiative des classes moyennes et des nantis. Tout d’abord lâché par l’armée, Chavez fut évincé du pouvoir pendant deux jours, mais le commandant en chef de l’armée de terre, le général Efrain Vasquez, s’opposa ensuite aux mesures dictatoriales prises par Pedro Carmona qui avait succédé à Chavez. Carmona, qui était en outre le « patron des patrons » du Venezuela, avait dissous l’Assemblée nationale et les principales institutions, lancé une chasse aux sorcières contre les opposants, et renvoyé aux calendes grecques de nouvelles élections législatives.
Chavez rentra triomphalement au palais présidentiel de Miraflores, le dimanche 14 avril à 2 h 50 du matin, au milieu d’une immense foule venue des banlieues pauvres de Caracas. Cette crise accentua incontestablement le fossé existant entre les 70 % pauvres de la population et les classes aisées.
Le dénouement de cette crise constitue un réel revers diplomatique pour les États-Unis, qui s’étaient démenés pour confirmer la destitution d’un président, pourtant élu démocratiquement à deux reprises, alors même que les représentants des 19 pays du Groupe de Rio condamnaient dès le 12 avril la « rupture de l’ordre constitutionnel » au Venezuela. Ainsi, les États-Unis se trouvaient-ils dans la position d’un État soutenant un putsch contre un gouvernement légitimement élu sur un programme de lutte contre la pauvreté.
Deux faits importants peuvent être relevés lors de ces événements :
1. L’armée joua un rôle d’arbitre dans l’issue de la crise, soutenant tour à tour l’opposition à Chavez, puis Chavez, mais montrant que le cliché qui veut que les armées latino-américaines soient nécessairement à la botte de l’impérialisme américain doit être revu ;
2. L’opposition très large des autres États latino-américains au coup d’État contre Chavez, malgré le soutien des États-Unis.
Pour rappeler ces événements vieux de dix ans, nos camarades de El Libertario, une organisation anarchiste vénézuélienne, nous ont fait parvenir le texte d’un tract qu’ils avaient diffusé à cette époque (voir texte ci-dessous).
Toute personne désirant en savoir plus sur ce qui s’est passé pendant ces jours peut consulter (en espagnol) « Una encrucijada hacia ninguna parte » [À la croisée des chemins vers nulle part], brochure publiée par El Libertario en 2002, qui recueille huit textes disponibles à l’adresse : http://www.nodo50.org/ellibertario/descargas/folleto-abril-02.txt
En outre, le groupe anarchiste Star, adhérant à la Fédération ibérique des jeunesses anarchistes (FIJA), a réalisé en juin 2009 une interview des camarades de El Libertario.
Cette interview, traduite en français, est accessible sur http://monde-nouveau.net/spip.php?article373