Les Roms hyper-stigmatisés

mis en ligne le 8 mars 2012
Un rapport publié par l’Observatoire régional de santé d’Ile-de-France résume la situation catastrophique sanitaire et sociale des Roms migrants en France. Accès limité au marché du travail, conditions de vie insalubres, exclusion jouant sur l’état de santé, enfin, la totale… Dans leur grande majorité, les Roms migrants sont Roumains ou Bulgares. Le rapport souligne que, ressortissants de l’Union européenne depuis 2007, ils sont cependant soumis à une « période transitoire » en matière d’accès au marché du travail dans dix États de l’Union, dont la France. Ces mesures limitent très fortement leurs possibilités de travailler dans ces pays et d’être en situation régulière de séjour. En l’absence de ressources financières régulières et déclarées, l’accès au logement leur est très limité. Tout semble indiquer qu’une large majorité des Roms vit sur des terrains dans lesquels les conditions de vie sont extrêmement insalubres : absence d’eau ou d’eau potable, d’électricité, de sanitaires, etc. Ces terrains, qui répondent à la définition usuelle donnée au terme de « bidonville », font fréquemment l’objet d’évacuation, renforçant la précarité des populations. Malgré l’errance subie, les populations sont relativement « territorialisées » dans certains départements ou dans certaines communes. Toutefois, la mobilité subie permanente (évacuation des bidonvilles, éloignement du territoire), les faibles possibilités d’insertion, les conditions de vie insalubres, l’accès limité au droit à la santé, l’accès tardif aux soins, les discriminations, y compris dans les institutions médico-sociales, contribuent à un état de leur santé très dégradé. Les pathologies rencontrées parmi les Roms sont celles fréquemment observées parmi l’ensemble des populations en situation de grande exclusion, notamment : santé mentale fragilisée, prévalence élevée de maladies infectieuses (tuberculose, rougeole, coqueluche, etc.), chronicisation de certaines maladies (diabète, hypertension artérielle, maladies cardio-vasculaires, maladies respiratoires, obésité, etc.). Parmi les Roms, un recours limité à la planification familiale est aussi noté ainsi qu’une faible couverture vaccinale parmi les enfants. Face à un système socio-sanitaire montrant des limites d’accès aux soins des populations en situation de grande exclusion, notamment la sectorisation de certains services sanitaires et sociaux, le faible recours à l’interprétariat professionnel, les consultations exclusivement sur rendez-vous, le refus de certains professionnels sanitaires et sociaux d’aller sur les lieux de vie des populations roms pour initier une prise en charge, les refus de soins en médecine de ville pour certains bénéficiaires de la CMU-AME, constituent autant de sources de renoncements à recourir aux soins. De plus, les actions sanitaires et sociales sont parfois mises en échec par des politiques aux logiques contradictoires. L’étude souligne la faible coordination au sein des institutions et entre celles-ci. Enfin, les Roms sont au cœur des tensions entre les politiques migratoires, sécuritaires, sanitaires et sociales, ce qui constitue, selon le rapport, « des sources de renoncement à agir ». Ce n’est rien de le dire ! Justement à ce sujet, notre ami l’Autruche relève sur son blog les propos pas tristes du candidat Hollande. Selon lui, « le problème doit être réglé au plan européen ». Il y aurait donc, pour le Parti socialiste, un « problème » rom ? Pire encore, selon Hollande, concernant cette population, « l’origine du mal c’est de ne pas avoir fixé une règle européenne pour la garder là où elle doit vivre, en Roumanie ». L’Autruche n’invente rien. C’est Hollande qui parle du « mal » et de son origine, et décide tout seul de l’endroit où ils devraient vivre. Ne devrait-on pas plutôt commencer par éventuellement demander leur avis aux principaux intéressés ? Par exemple, les Roms venant de Bulgarie n’ont pas forcément la vocation ni l’envie d’émigrer en Roumanie, tout comme les enfants roms nés et scolarisés en France, tout comme leurs parents, tout comme tous ceux qui, simplement, préfèrent rester en France ?