Liberté pour Giovanni Marini

mis en ligne le 1 octobre 1973
Le 7 juillet 1972, à Salerne, deux anarchistes, Marini et Mastrogiovanni, sont agressés par une bande fasciste. Mastrogiovanni, poignardé à la jambe par les fascistes Affinito et Favella, est secouru par Marini. Dans la rixe Marini blesse mortellement un dirigeant du MSI, Favella. La police arrête aussitôt les anarchistes et les fascistes qui ne se sont pas éloignés. Malgré de nombreux témoignages en faveur de nos camarades agressés, les émules de Mussolini sont aussitôt libérés. Mastrogiovanni ne sera relâché que quelques mois plus tard. Quant à Marini, il est gardé pendant 3 jours sans assistance légale. Des pressions sont exercées sur ses avocats et il lui est interdit de correspondre avec ses amis et sa famille. Transféré 13 fois d'une prison à l'autre, depuis son arrestation, actuellement au cachot, malade, il est sur le point de devenir aveugle.
Pour quelles raisons les « jeunes nationaux » se sont-ils intéressés à Giovanni Marini ?
Cinq camarades libertaires enquêtaient sur l'attentat fasciste de Givia Tauro en décembre 1969, attentat qui fit six morts et cent trente neuf blessés, lorsqu'ils furent tués à leur tour le 28 septembre 1970 dans « un accident de la route». Marini avait découvert que le chauffeur du camion responsable de la mort de nos cinq camarades appartenait à une organisation néo-fasciste et que de nombreuses personnalités italiennes étaient impliquées dans ces deux attentats. C'est cette activité qui attira sur lui l'attention des fascistes. Durant de nombreux mois, Marini devint l'objet de menaces de mort, de coups de téléphone anonymes et de deux agressions, au cours desquelles, il fut frappé jusqu'au sang. Cette escalade dans la violence se termina par la provocation du 7 juillet 1972, au cours de laquelle Marini ne fit que se défendre.
Ces événements remontent à plus d'un an. Marini attend toujours d'être jugé. Il y a encore un mois, une mutinerie entraînait son transfert pour la treizième prison. Là, son avocat demandait à le rencontrer. Le directeur de la prison refuse. Pendant plusieurs jours, on reste sans nouvelles. Finalement, on apprend que Marini est devenu presque aveugle. Pourquoi ? Quels traitements lui a-t-on fait subir ?
Pour toute réponse, l'administration le change encore de prison. Cette fois, il est placé au secret d'un cachot, là au moins l'administration pénitentiaire n'a plus à craindre de visites importunes.
Que veut-on cacher à ses amis et à ses défenseurs ?
Notre copain aurait-il été si malmené que ses geôliers n'osent plus le montrer ?
Ou a-t-il purement et simplement ordre de faire taire le témoin d'une affaire compromettant des gens de pouvoir ?
Le procès Marini aura-t-il jamais lieu ? On peut en douter.
On sait comment l’État italien escamota le procès Valpreda. On a encore en mémoire la défenestration de notre camarade Pinelli, tué au commissariat de Milan.
Alors, après Pinelli, pourquoi pas Giovanni Marini, autre anarchiste gênant.
Il serait cette fois, plus discret de le faire mourir à petit feu, dans le silence d'un cachot. Pas de vagues dans l'opinion. Nous ne permettrons pas cette machination !
Marini ne doit pas crever !