Procès des treize anarchistes grecs, Acte I : le pugilat

mis en ligne le 3 février 2011

Le 17 janvier dernier s’est ouvert, en Grèce, dans la prison de Korydallos, le procès de treize jeunes anarchistes grecs (âgés de 19 à 30 ans), membres de l’organisation Conspiration des cellules de feu qui, le 23 novembre 2010, avait revendiqué l’envoi de quatre colis piégés (dossiers évidés contenant des explosifs) aux ambassades belge et mexicaine à Athènes, au Tribunal international de La Haye et à Nicolas Sarkozy. Au total, quatorze colis devaient être envoyés à des ambassades européennes et à des dirigeants (notamment à la chancelière allemande). Les quatre colis qui avaient explosé à Athènes début novembre n’avaient fait aucune victime.
Jugés par une cour antiterroriste, les treize anarchistes sont accusés d’appartenance à « une organisation terroriste », de possession d’armes à feu et d’attentats, et tentatives d’attentats, à l’encontre de responsables politiques. Ils encourent entre dix et vingt-cinq ans de prison ferme…
Ouverts le 17 janvier, l’organisation et le déroulement du procès se sont montrés particulièrement autoritaires : chaque personne souhaitant assister à l’audience se voyait systématiquement confisquer et photocopier sa carte d’identité (ce qui traduisait une volonté à peine cachée de ficher tous les soutiens des jeunes anarchistes), et les accusés assistaient à leur procès menottés. Pour protester contre cette situation inacceptable, les prévenus ont quitté la salle en fixant les conditions de leur retour : la fin des contrôles, des photocopies et des confiscations des cartes d’identité des personnes assistant à l’audience. Ils ont aussi pris la décision d’entamer une grève de la faim. De leur côté, les avocats ont exigé que leurs clients ne soient plus menottés durant l’audience et que les cartes d’identité ne soient plus confisquées à l’entrée du procès.
Dans le public, ce départ contestataire des inculpés a suscité de vives réactions de soutien et de solidarité et a été salué au cri de « La passion pour la liberté est plus forte que toutes les prisons ». Décontenancées par un tel soutien, les flics se sont montrés brutaux avec le public et la situation a vite tourné, selon le journal Libération, « en pugilat avec les forces de l’ordre 1 ».
Bien que le terrorisme et la violence révolutionnaire avant-gardiste me semblent, si l’on s’inscrit dans une perspective anarchiste de transformation sociale, bien peu judicieux – voire, dans certains cas, carrément contradictoires –, il va de soi que nous devons apporter tout notre soutien à ces treize révoltés qui, par un acte qui peut paraître désespéré, ont voulu montré leur désir et leur besoin immédiat de changer de vie en mettant un terme à cette société de classes régie selon des logiques de domination et d’exploitation.



1. Libération, édition internet du 25 janvier 2011.