Qui a tué Momo ? Le froid ou l’État ?

mis en ligne le 9 décembre 2010
Le froid a tué. Encore. Il s’appelait Mohammed, on le surnommait Momo. D’après les médias, le coupable, c’est le rude climat de ces derniers jours. Pourtant… Certes, Momo est mort congelé. Mais congelé parce qu’il n’avait ni toit, ni chauffage, ni vêtements chauds. Parce qu’il avait 78 ans et qu’il vivait dehors, à Ivry-sur-Seine, sous des températures descendant jusqu’à -5 °C. Parce que notre société lui refusait son droit au logement, que les centres d’hébergement d’urgence affichaient tous complets et que les associations qui les gèrent étaient débordées, submergées par une foule d’individus démunis, affamés, frigorifiés et inquiets à l’idée de passer une nouvelle nuit « polaire ». L’an passé, rien qu’aux Restos du cœur, plus de 830 000 personnes étaient venues chercher un repas et un peu de chaleur, y compris humaine.
Mais là encore, est-ce le manque de centres d’hébergement et d’entraide associative qui est à l’origine de ces morts ? Ou bien est-ce nos dirigeants qui se refusent à financer des projets de création de logements (et des logements décents, hein ! pas des 9 m2 miteux, sans chiottes, sans électricité et avec des murs de 3 cm d’épaisseur) ? Ou bien encore tous ces friqués – privés comme publics –, propriétaires d’appartements, de maisons et de bureaux qu’ils n’occupent ni ne louent ? En 2009, d’après l’Insee, Paris comptait, à elle seule, plus de 100 000 logements vacants et plusieurs milliers de mètres carrés de bureaux inutilisés. Alors, qui est le coupable ? Qui est le criminel ?

Barnabas Collins, groupe Salvador-Segui de la Fédération anarchiste