Dura lex, Mollex

mis en ligne le 4 novembre 2010
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Marie Drucker, incalculable présentatrice du journal de la 2 qui, jeudi 28 octobre, jour de manifestation, n’y allait pas, c’est le moins qu’on puisse dire, avec le dos de la cuiller en bois : « Malgré quelques irréductibles qui pensent encore pouvoir faire reculer le gouvernement, l’esprit des manifestants était à l’amertume. » Tiens donc, et rien que ça ! Les « irréductibles », par millions, ne semblaient pourtant guère se sentir isolés et d’amertume, pas un chouia. De la colère c’est clair, de l’inquiétude assurément, mais de l’amertume, nenni. Pensent-ils nous impressionner, ces porte-parole de la Sarcloserie-des-Lilas, à comme ça reprendre les mots d’ordre d’un Woerth par exemple, pour qui « ça ne sert à rien de faire grève aujourd’hui contre la réforme des retraites », pour qui « dans une démocratie, on doit respecter les institutions, on doit respecter la loi de la majorité, la majorité issue des urnes ». Fermez le ban et l’arrière-ban, et rendez-vous en 2012 ! La belle fable que voilà, étayée, s’il en était besoin, par un certain Marc-Philippe Daubresse (retenez bien ce nom, car vous n’en entendrez plus jamais parler). Ce Daubresse, donc, ci-devant ministre de la Jeunesse, tançait l’autre jour en direct des représentants de syndicats lycéens et étudiants : « On maintiendra cette réforme, y’a un président de la République, il s’appelle Nicolas Sarkozy, que ça plaise ou pas, c’est comme ça ! » Et plus tard de justifier la réforme en question par, je cite, « la météorite de la crise ». Contrairement à ce qui se dit, on peut voir que les dinosaures n’ont pas tous disparu : bien vivant est le daubressorus, dont la tonalité de ses adresses à la jeunesse fait très 1970. Mais tandis que ces monstres à tête plate dévorent goulûment nos espoirs d’une société égalitaire et solidaire, le pachydermique PS propose lui, eh bien, euh… Rendez-vous en 2012 ! En attendant, comme pour tuer le temps, les voilà qui s’amusent à réécrire l’histoire, tel l’histrion Cambadelis, pour qui « en 2003, une majorité de syndicats a signé l’accord Fillon ». Se rendant compte de sa bévue, le gars s’empressa d’ajouter « enfin, sauf la CGT, FO et Sud ». Ce qui, en matière d’« irréductibles », fait un peu de monde, non ? Les socialos les gagneront-ils, au moins, ces foutues élections pour lesquelles ils vendraient père, mère et belle-sœur ? Ce n’est même pas certain, d’autant que, depuis la mort de Paul-le-Poulpe, dernier grand analyste de la vie politique (juste devant Lalanne il est vrai), on a plus aucune certitude. Les Mollex, pour leur part, en ont une : celle d’avoir tout perdu, de s’être fait dézinguer dans les grandes largeurs, abuser (euphémisme), voler, arnaquer, enfumer… par les mafiosi de la finance pour lesquels si, à 50 ans, t’as pas fermé d’usine Mollex c’est que tu as raté ta vie. Ces crâneurs croiseront-ils un jour le chemin de nous autres, « irréductibles » ? Ce serait intéressant…