Balayons les affameurs

mis en ligne le 16 juillet 2010

« En France comme ailleurs, les grands patrons ne s’en cachent même plus, ils mènent une véritable guerre de classe contre le monde du travail et mettent tout en œuvre pour la gagner avec la complicité active des états. » Telle est l’introduction de la motion sociale adoptée lors du 67e congrès de la Fédération anarchiste les 22,23 et 24 mai dernier à Rennes.

Il n’y a pas grand-chose à ajouter pour décrire en quelques mots le contexte qui s’impose à nous.

En France, la réforme qui concentre tout cela du fait du symbole qu’elle touche et des enjeux financiers est celle des retraites. Si elle passe, le TER de la régression sociale, avec quelques arrêts de temps en temps, se transformera en TGV en 2011. Tout, absolument tout y passera, histoire de donner des gages aux marchés juste avant la présidentielle de 2012.

L’enjeu est donc majeur et il convient de bien en saisir tous les aspects. Nous n’insisterons pas sur le hold-up de l’état et du patronat sur la sécurité sociale. Il suffirait que les dizaines de milliards d’euros d’exonérations patronales (notre salaire différé, donc notre pognon) soient restituées pour financer sans problème le retour aux 37,5 annuités pour tous, l’augmentation substantielle de tous les minima sociaux et le remboursement à 100 % des frais médicaux.

De même, l’arnaque qui réside à faire croire que la réforme « s’adapte à l’augmentation de l’espérance de vie » doit être démontée. Les études les plus sérieuses sur le sujet (bien peu médiatisées, allez savoir pourquoi…) aboutissent au tableau de correspondance suivant, entre l’âge de départ à la retraite et l’âge moyen à la mort : si l’on s’arrête de bosser à 50 ans, on peut espérer vivre jusqu’à 86 ans, si l’on part à 55 ans on peut espérer atteindre 83 ans, à 60 ans déjà, l’espérance se situe à un peu moins de 77 ans mais avec une retraite à 65 ans on peut espérer en profiter deux ans au maximum ! Les marchés spéculent donc bel et bien sur la réduction de notre espérance de vie.

Bref, on joue notre peau et dans ces cas-là, mieux vaut savoir comment et avec qui on peut se battre et résister.

Comment ? Sûrement pas en tout cas avec des manifs de mois en mois dont le seul objectif est de rassembler plus de monde que la manif précédente… à ce petit jeu, le seul résultat assuré au final, c’est l’épuisement, l’émiettement, l’amertume, comme en 2003. Qu’il y ait eu du monde dans les rues le 24 juin dernier, c’est un fait et c’est une bonne chose car cela montre que les directions syndicales n’ont pas encore réussi à écœurer les salariés mais il est tout aussi incontestable que cela n’a pas fait bouger d’un millimètre ni Fillon, ni Woerth, malgré ses gamelles… Ce dispositif de journées « d’action » est une véritable machine à perdre brevetée par Chéréque et Thibault. Si un ultimatum n’est pas lancé clairement au gouvernement avec préparation de la grève, la vraie, celle qui n’annonce pas dès le début la fin du mouvement, celle qui fait tout pour bloquer l’appareil productif notamment, on se raconte des histoires comme Sud, qui parle à tout va de grève reconductible mais qui depuis des mois, dans l’intersyndicale, s’aligne sur la CFDT.

Avec qui ? Avec Chéréque, le pape de la CFDT, celui qui a trahi en 2003 en pleine bagarre sur les retraites avec un certain… Fillon, alors ministre du Travail. À l’époque, il avait justifié sa trahison en raison de pseudo-« avancées » sur la question de la pénibilité et des carrières longues. Tiens, tiens, deux thèmes qui reviennent de nouveau à chacune de ses interventions et sur lesquels Sarkozy vient de déclarer que la porte n’était pas fermée… On voit bien l’arnaque se profiler. On avale 99 % de la réforme et on négocie pour quelques salariés le maintien du départ à 60 ans en criant victoire !

L’unité n’est pas une fin en soi, elle n’a de sens que sur la base d’une revendication claire, en l’occurrence le retrait pur et simple du projet de loi. Sinon, on amène les salariés dans le mur pour mieux leur expliquer sans doute qu’il ne leur reste plus qu’à bien voter en 2012.

« Face au consensus politico-syndical qui tente de tout verrouiller, la Fédération anarchiste s’engage résolument dans la bagarre avec tous ceux qui veulent se réapproprier leur lutte », dit quasiment en conclusion la motion.

C’est notre ambition en effet de faire de la Fédération anarchiste un outil encore plus efficace au service des luttes, laissant ceux qui ne veulent que discourir… discourir.

Aux milliers de sympathisants anarchistes, aux milliers de lecteurs du Monde libertaire, aux dizaines de milliers d’auditeurs de Radio libertaire, nous posons la question un peu solennellement : N’est-il pas temps de s’unir, de s’organiser pour peser ensemble efficacement sur le cours des choses ? À bientôt dans les luttes.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


56255Meuni

le 12 septembre 2010
Bonjour,
Oui, je crois que seule une grève générale peut faire reculer le gouvernement et le patronat sur le sujet des retraites. Oui, je crois que le gouvernement nous prépare d'autres réjouissances comme l'augmentation des impôts, la baisse des minimas sociaux etc... Au nom du réalisme de l'économie mondiale. Mais malheureusement, je pense que les gens ne sont pas prêt à manifester massivement, endormi par le discours social des syndicats conventionnels. Certes, il est du rôle d'un anarchiste de tenir un discours plus radical à tout son entourage.
Salut