Sommet nucléaire mondial : les Fratellini triomphent

mis en ligne le 22 avril 2010
On peut toujours compter sur Niko le Sarko pour faire le clown. À propos du sommet sur la sécurité nucléaire convoqué à Washington par Barack Obama et qui réunit un total de 48 chefs d’État, notre grand homme a déclaré : « Je n’abandonnerai pas cette arme nucléaire, garante de la sécurité de mon pays, de façon unilatérale, dans un monde aussi dangereux qu’il l’est aujourd’hui. » Nous voilà rassurés, nos glorieux sous-marins, le Triomphant, le Redoutable, le Talonnette nous protègent.
Passons aux choses sérieuses. Non, pas encore. Lula, le président brésilien, a déclaré, lui, à propos du nucléaire iranien : « Il est nécessaire que les Iraniens sachent qu’ils peuvent enrichir de l’uranium à des fins pacifiques et que nous autres ayons la tranquillité de savoir que c’est seulement pour ces usages pacifiques. » Quel bonheur de vivre à une époque où les chefs des grandes puissances connaissent si infailliblement les intentions de leurs collègues !
Passons aux choses sérieuses ? Euh, non, pas encore. Obama a ouvert la séance de ce grave sommet avec l’équivalent politique d’un chapeau pointu et d’un coussin péteur : « En tant qu’ami proche et allié, les États-Unis soutiennent la Pologne et les Polonais partout en ces jours très difficiles. En tant que communauté internationale [sic], je sais que nous nous rassemblons tous autour du peuple polonais, qui a montré, tout au long de son histoire, une force et une capacité de rebondissement extraordinaires. » Très fort, Barack. Comparer trois millions de Juifs massacrés, Varsovie deux fois ravagée, par les SS puis par l’Armée rouge, à un accident d’avion qui débarrasse la Pologne d’une série de clowns moins drôles que le Mari au-dessus des rumeurs, il fallait oser.
Passons aux choses sérieuses ? Euh non, pas encore. Netanyahu, après avoir craché à la figure des États-Unis il y a peu, leur pisse à présent au nez, en refusant d’assister à ce sommet. Finaud, il soupçonne que les pays musulmans y exigeront qu’Israël ouvre ses installations nucléaires aux inspections internationales. Il a d’autres choses à faire, Netanyahu, tant de murs à construire !
Passons aux choses sérieuses ? Euh… lesquelles ? Le fait que la planète compte 130 réacteurs nucléaires dits civils qui, outre leur danger potentiel, outre leurs déchets très réels, produisent de l’uranium hautement enrichi qu’on pourrait utiliser pour fabriquer des armes nucléaires ? Ou pensez-vous plutôt à la quantité de plutonium et, bis, d’uranium enrichi, actuellement existante dans le monde ? En effet, elle permettrait de fabriquer 100 000 armes nucléaires. En plus de celles qui existent déjà, bien sûr. Les ventes, c’est du sérieux, dites-vous ? Les États-Unis ont signé un gros contrat avec l’Inde. En échange de vastes quantités de matières fissiles, l’Inde va ouvrir ses réacteurs civils aux inspecteurs internationaux, mais pas ses réacteurs militaires. Vous n’y comprenez rien, car vous constatez que pour diminuer la diffusion de matériaux nucléaires sur la planète, les États-Unis vont en envoyer en Inde ? Laquelle va continuer à fabriquer des bombes dans des centrales fermées aux inspections. Mais le gouvernement indien est un gouvernement sérieux, au moins aussi sérieux que le gou­ver­ne­ment nord-amé­ri­cain. Inci­dem­ment, 150 milliards de dollars de budget pour le nucléaire indien, on comprend que les entreprises américaines veuillent sur leur part de ce sérieux gâteau.
Il serait temps de clore cet article avec quelque chose de plus sérieux que 48 chefs d’État en pleine fission. Envoyez la musique : « Mon oncle, un fameux bricoleur, faisait en amateur des bombes atomiques. Sans avoir jamais rien appris, c’était un vrai génie question travaux pratiques. Il s’enfermait toute la journée au fond de son atelier pour faire des expériences, et le soir il rentrait chez nous et nous mettait en transe en nous racontant tout : Pour fabriquer une bombe A, mes enfants croyez-moi, c’est vraiment de la tarte. La question du détonateur se résout en un quart d’heure. C’est de celles qu’on écarte. En ce qui concerne la bombe H, c’est pas beaucoup plus vache. Mais une chose me tourmente, c’est que celles de ma fabrication n’ont qu’un rayon d’action de trois mètres cinquante. Y a quelque chose qui cloche là-dedans, j’y retourne immédiatement. Il a bossé pendant des jours, tâchant avec amour d’améliorer le modèle. Et pis un soir pendant le repas v’là tonton qui soupire, et qui s’écrie comme ça : à mesure que je deviens vieux je m’en aperçois mieux, j’ai le cerveau qui flanche. Soyons sérieux, disons le mot, c’est même plus un cerveau, c’est comme de la sauce blanche. Voilà des mois et des années que j’essaye d’augmenter la portée de ma bombe, et je n’me suis pas rendu compte que la seule chose qui compte, c’est l’endroit où c’qu’elle tombe. Y a quelque chose qui cloche là-dedans, j’y retourne immédiatement. Sachant proche le résultat tous les grands chefs d’État lui ont rendu visite. Il les reçut et s’excusa de ce que sa cagna était aussi petite. Mais sitôt qu’ils sont tous entrés, il les a enfermés. En disant soyez sages, et, quand la bombe a explosé de tous ces personnages il n’en est rien resté. Au tribunal, on l’a traîné et devant les jurés, le voilà qui bafouille, Messieurs, c’est un hasard affreux mais je jure devant Dieu en mon âme et conscience qu’en détruisant tous ces tordus je suis bien convaincu d’avoir servi la France. »