Happy Goodyear

mis en ligne le 4 février 2010
Nous sommes allés voir le film Goodyear : chronique d’une délocalisation programmée et nous sommes sortis… déçus, amers, désabusés. Voilà pourquoi. Nous avons vu un film centré sur le soutien de Gilles Demailly aux salariés de Goodyear.
Il est vrai que le conseil régional, le conseil général et la ville d’Amiens ont attribué des subventions aux Goodyear pour les aider dans leur action et nous les en remercions. Nous ne cherchons pas à minimiser les aides financières et autres apportées par ces collectivités car nous sommes tout à fait conscients qu’avec les anciennes majorités, aucun soutien ne serait intervenu. Nous cherchons seulement à remettre les choses à leur place.
Si les élus de gauche au pouvoir dans vingt conseils régionaux, dans des conseils généraux et des grandes villes de France avaient voulu réellement agir contre l’ensemble des licenciements abusifs, ils auraient pu créer un vrai « front de gauche » et au moins essayer de mettre en œuvre un contre-pouvoir au gouvernement en place. S’ils n’ont même pas essayé, c’est peut-être qu’ils n’ont aucun pouvoir ou qu’ils n’en avaient pas envie. L’ensemble des électeurs de gauche était en droit d’attendre ce réel soutien.
Par ailleurs, il est surprenant de constater que les vrais soutiens sont très peu mis en avant et sont même parfois caricaturés. Caricatures filmées d’Arlette Laguillier, de Maxime Gremetz, d’Olivier Besançenot qui apparaissent comme bourrins, alors que le play-boy Arnaud Montebourg, que l’on a jamais vu à l’usine Goodyear ou ailleurs, est mis en valeur en étant filmé de son plus beau profil. Les premiers sont venus et ont soutenu totalement les camarades. Certes, ils n’ont pas la « classe » mais eux au moins, ils étaient sincères. Comme les meilleurs d’anonymes qui ont manifesté, revendiqué et dénoncé les patrons voyous, en clair « la base » et leurs représentants, avec les milliers de personnes qui ont acheté des t-shirts. Quel élu est allé manifester avec le t-shirt Goodyear ?
Ce film nous a cependant permis de voir Bernard et ses bouteilles, d’avoir entendu qu’il y avait un accident par jour travaillé, que cette usine était vétuste et que des HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) hautement cancérigènes volaient tranquillement dans l’usine sans que les dirigeants se soucient de la santé des ouvriers. Mais, pour nous, il manque certains moments forts : quid de certaines manifestations, notamment celles où certains se sont mis à rêver à un nouveau juin 1936, quid des flics qui nous ont provoqués ? Le beau Gilles et le bel Arnaud ont volé la vedette. C’est vrai que tous ces anonymes qui luttent ne sont pas des stars mais nous aurions aimé que ce soient eux et leur leader qui soient mis en avant.
Dans ce film, où sont les salariés et les vrais acteurs de lutte ? Il est surprenant de voir que la parole ouvrière est très absente !!!
N’oublions pas que la lutte syndicale contre les licenciements et contre les patrons voyous a été menée par la base syndicale et ouvrière chez Goodyear. Sans leur lutte depuis trois ans, que resterait-il aujourd’hui ?
Alors, nous voulions dire merci à ces personnes-là, ainsi qu’à tous ceux qui ont lutté à côté des Goodyear avec leur cœur et leurs tripes. « La base » n’est pas assez présente dans ce documentaire. C’est pourtant bien elle qui paye le jour où il faut payer.

Les irréductibles Gaulois