Chronique de la toile

mis en ligne le 4 avril 2004

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Est-ce la guerre ? On peut se poser la question. Voici ce qu'un des principaux hébergeurs français déclarait le 27 janvier dernier : « Il y a actuellement une vague d'e-mails avec les virus qui passe. On en reçoit 600 par minute. » Sur d'autres sites on parle d'« attaque de virus ». On serait donc en guerre.

Il s'agit de savoir comment on peut résister, comment on peut récupérer d'une attaque, comment on peut se protéger. Le cyber-espace est devenu un espace d'affrontement. Qui attaque ? Je ne sais pas, mais je sais à qui cela profite. Il serait intéressant de savoir combien coûte la sécurisation d'un serveur. Pour fréquenter de près des gestionnaires de serveurs je sais que cela devient pour eux une obsession.

Le spam, c'est-à-dire les messages publicitaires non demandés, engendre le même type de préoccupation. L'hébergeur mentionné plus haut annonçait le 6 janvier 2004 : « Nous avons mis en production un nouveau type de filtrage qui donne des effets impressionnants : diminution de 95% du nombre de spams reçus. »

Une nouvelle forme de rumeur participe à l'engorgement des boîtes à lettres. C'est le message vous informant que quelqu'un de bien informé annonce un problème quelconque. La crédulité de ceux qui répercutent ce genre de message semble sans borne. La plupart du temps il s'agit d'un « hoax ». Pour tout savoir sur ce type de canular, ou avant de faire suivre un message bien intentionné, allez vous renseigner sur http://www.hoaxbuster.com.

Cette vague d'attaque relève-t-elle du terrorisme électronique ?

Réfractions dans son numéro spécial sur Internet (http://refractions.plusloin.org) a publié un texte intitulé « Mythologie du terrorisme sur le Net ». Écrit dès le début d'Internet aux États-Unis par le Critical Art Ensemble, il trace le chemin pour une intervention politique sur le réseau lui-même. Il rappelle que « Pour les sociétés de l'information, le Net est le dispositif de commande et de contrôle. »

Il n'est plus nécessaire de semer la terreur pour bloquer le système. On pourrait même dire que la terreur participe à son fonctionnement. Mais en déclenchant un embouteillage du réseau, tel que cela s'est passé avec le virus MyDoom, on ralentit et peut-être même on empêche le fonctionnement du système. On est semble-t il très loin d'une action à des fins libératrices. On pourrait peut-être assister à une opération d'insécurisation visant la mise en place de mesures autoritaires de contrôle de la circulation sur le net. Est-ce de la paranoïa ? J'aimerais en être convaincu. Attention !

L'araignée, araignee@plusloin.org