Avec la free-zone, voyagez l'esprit tranquille

mis en ligne le 24 avril 2003

Transports gratuits

DE NOUVEAU, sur Nantes, un collectif d'usagers des transports en commun met en place une free-zone, une zone « libre » économiquement. Ce dispositif consiste à assurer à tous les usagers et sur une partie du réseau, l'absence de contrôleurs. Son but est de commencer à envisager concrètement l'utilisation des transports en commun d'une autre manière : l'accès libre et gratuit de ces transports collectifs dans l'espace urbain.

Cette action est à l'initiative du collectif Transport Gratuit Vite, un collectif d'usagers revendiquant la gratuité des transports pour toutes et tous. Comme plusieurs collectifs européens (Paris, Bruxelles, Liège, Lyon, Marseille.), nous développons cette revendication pour plusieurs raisons :

Tout d'abord, il s'agit d'assurer à tout un chacun le moyen de se déplacer à sa guise en dehors de toutes déterminations socioéconomiques, notamment pour éviter que la précarité soit synonyme d'immobilité et d'enfermement : nous avons besoin toutes et tous de nous déplacer et pas uniquement pour aller au travail et en trouver...

De plus, cette revendication n'est pas économiquement utopique. En effet, la politique de communication de la TAN (transport agglomération nantaise) se base sur l'illusion qu'on paye le coût de son déplacement en achetant un titre de transport. Or, les recettes perçues grâce à la billetterie des transports publics (tickets, abonnements, etc.) n'est qu'une petite partie de ce qu'ils coûtent. En quelque sorte, ce que nous payons sert surtout à couvrir les frais directement liés à la mise en place d'un transport payant : frais des contrôles, des composteurs, de la fabrication et vente des titres de transport ; le reste des recettes étant d'origine publique (communauté urbaine, etc.).

Enfin, depuis quelques années, les collectivités locales semblent vouloir promouvoir les transports en commun afin de désengorger le centre-ville pour limiter la pollution et améliorer la qualité de vie nantaise. Cependant, cette logique apparaît paradoxale et inefficace tant qu'il sera plus rentable (en temps et en argent) de prendre sa voiture pour se rendre au travail ou faire ces courses... Seule une gratuité des transports collectifs, comme cela est déjà le cas à Vitré (35), Châteauroux (36), Morlaix (29), Mons (Belgique), peut répondre rapidement et réellement aux problèmes écologiques actuels.

L'opération free-zone est un moyen de faire exister concrètement notre revendication. Il en existe d'autres qui passent par une coopération active entre usagers, et notamment pour faire face à la répression qui s'accroît sur cette pratique sociale massive qu'est l'usage gratuit des transports collectifs (campagne contre la « fraude » de la TAN ou de la SNCF dans le domaine ferroviaire). On peut ainsi facilement, lors de son voyage :
À sa descente, proposer son ticket encore valable aux usagers qui montent, ou bien le déposer sur les poinçonneuses.
Lors d'opérations de contrôles :
 Premièrement, lutter contre l'appréhension que nous inspirent les contrôleurs dont, d'ailleurs, ils usent et abusent.
 Avertir de la présence de contrôleurs aux usagers qui montent.
 « Contrôler » les contrôleurs en leur demandant systématiquement leur carte d'assermentation pour bien leur signifier qu'ils n'ont pas tous les droits, mais aussi des obligations d'identification, de correction et de politesse envers les usagers.
 S'inquiéter du déroulement d'un contrôle apparaissant zélé ou excessif en soutenant la personne concernée (par exemple, intervenir et lui demander si ça va ou si tout se passe correctement, etc.).
 Une fois contrôlé, engager la conversation avec les contrôleurs sur tel ou tel sujet, histoire de laisser le temps aux usagers sans ticket de s'esquiver.
 Et bien sûr, inventer aussi toute forme d'expressions et d'actions individuelles ou collectives, qui va dans ce sens.

TGV Nantes
[Transports gratuits vite- mailto:transportsgratuitsvite@nantes.fr]