Pourquoi une guerre contre les pauvres ?

mis en ligne le 2 septembre 2007

En analysant les politiques sociales, économiques et politiciennes des années quatre-vingt dix, une image nette surgit, celle de pauvres méprisés pour leur pauvreté, et punis du fait de leur absence de richesse. L’État et son élite culturelle ont projeté cette image jusqu’à ce qu’elle imprègne la culture populaire et la culture politique, et qu’elle se reflète dans la politique nationale.

Pourquoi le gouvernement s’est-il attaqué à l’aide sociale ? Que cachait son discours ?

Une analyse attentive montre que c’est des milieux d’affaires qu’est issue l’impulsion donnée à cette politique. En voici la raison : les « cycles économiques » sont cruciaux pour les économies capitalistes (c’est la tendance connue et récurrente de périodes économiques « d’expansion et de crises »). Dès 1958, un économiste notait que la montée du chômage faisait baisser les salaires (c’est la « courbe de Phillips »). Car quand la plupart des travailleurs ont un emploi, le patronat doit réagir aux pressions venues des exigences salariales. Mais quand le chômage est important, les milieux d’affaires savent qu’ils peuvent trouver de la main d’œuvre avec des salaires au rabais. Le chômage tire vers le bas les salaires de tous les travailleurs et renforce l’insécurité de l’emploi.

En quoi cela peut-il concerner l’aide sociale ? En fait, l’aide sociale est une façon de maintenir un revenu, et ainsi elle sert de tampon entre ceux qui travaillent et les chômeurs. Ainsi, les travailleurs ne s’accrochent pas avec acharnement sur le premier travail qu’ils peuvent trouver. Quand les travailleurs ne sont pas désespérés, quand ils bénéficient d’une certaine sécurité, ils exigent des salaires plus haut de la part du capital. Qui aurait pu imaginer que les plus pauvres d’entre nous, ceux qui bénéficiaient de l’aide sociale, renforçaient et stabilisaient les salaires des travailleurs ?

C’est pourquoi le capital s’est attaqué aux programmes des revenus sociaux par ses agents politiques (Républicains et Démocrates) en utilisant le doux nom de « réforme de l’aide sociale ».

Les deux partis du grand patronat se sont donnés la main dans leur bataille contre les plus pauvres, encouragés par les conglomérats des médias, et qui ne sont rien d’autres que les auxiliaires d’entreprises encore plus importantes. Tous ces intérêts peuvent se résumer en un mot : le capital.

Pourquoi pensez-vous qu’à chaque fois qu’on annonce la baisse du chômage Wall Street panique et les actions chutent ?

Quand les gens, en masse, sont au chômage, c’est alors « good for business ! », bon pour les affaires. Comment ce qui est mauvais pour les gens peut-il être bon pour les affaires ? Et que doit-on faire ?

Il y a plusieurs semaines, les chômeurs français descendaient dans la rue au niveau national, bousculant l’establishment néo-libéral par une vague de manifestations militantes. Cette mobilisation remarquable a montré la puissance d’un mouvement de chômeurs qui a repoussé les tentatives de l’État de s’attaquer aux revenus sociaux. Ce mouvement a traversé la frontière vers l’Allemagne où des marches eurent lieu dans plus de 200 villes. Les Français ont quelque chose à nous apprendre car ils n’ont pas hésité à organiser et mobiliser les pauvres et les chômeurs.

Ce slogan des Français ne se traduit peut-être pas facilement ici, mais il vaut d’être répété : « who sows misery, reaps rage », « qui sème la misère récolte la colère ».

Les politicards ne sont pas la solution, le peuple l’est. Organisons-nous.

Mumia Abu-Jamal




COMMENTAIRES ARCHIVÉS


trasnochaïka

le 27 mai 2012
Il me semble que l'auteur de cet article est en prison.Je me trompe?