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par Francis PIAN • le 31 octobre 2025

Vers le confédéralisme démocratique ?

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En 2013 et en 2022, des militants kurdes furent assassinés en France, à Paris. Depuis, pas de nouvelles de la justice, comme un silence institutionnel mêlant gêne, désintérêt de la part des pouvoirs publics. Azadi issu d’une famille kurde alévie installée en France depuis les années 1990, s’interroge dans son livre Leçons kurdes, Les damnés de la montagne paru aux éditions La Fabrique sur les motifs du désintérêt de la société française à l’égard de la lutte de ce peuple. « L’histoire du peuple kurde mérite d’être mieux connue : à travers ses défaites et ses réussites, ses écueils et ses dilemmes, ainsi que par sa critique de l’Etat-nation, elle est une source inépuisable de leçons politiques. »

Qui sont-ils ces Kurdes ? Peut-on les intégrer dans les concepts gigognes Peuple nation Etat ?
Comprendre un peuple, c’est prendre en compte les récits er les mythes des origines en intégrant la complexité religieuse. Quelle est l’histoire de cette « forteresse d’airain entre deux empires » ? Un peuple, c’est aussi une langue, une culture.

« Une forteresse d’airain »
Azadi analyse la colonisation du Kurdistan étalé sur plusieurs Etats dits modernes en s’appuyant sur Franz Fanon. Souvent utilisés par les puissances occidentales, les Kurdes connaissent des espoirs déçus, la déportation, les massacres comme celui d’Anfal sous le régime de Saddam Hussein dans les années 1980. Le pouvoir turc est aussi l’auteur d’autres violences via la déportation comme il sut si bien le faire avec les Arméniens. La colonisation ne se limite pas au comportement des dictatures évoquées. En raison des richesses du sous-sol, elle fut internationale.
Autre méthode aussi, déculturer les populations et particulièrement les enfants, leur interdire de parler kurde, les terroriser par l’école. Musa Anter, journaliste et écrivain kurde a cette formule : « Si ma langue maternelle secoue les fondations de votre Etat, cela signifie probablement que vous avez construit votre Etat sur mes terres ».
L’auteur nous rappelle tous les combats menés, la mobilisation des intellectuels, l’impasse des alliances géopolitiques, les trahisons fréquentes. « Le proverbe kurde « Les Kurdes n’ont d’autre ami que les montagnes » prend ici tout son sens. » la prégnance marxiste dans les luttes, notamment via le PKK sert de justification au pouvoir turc pour réprimer sauvagement le peuple kurde.

Une leçon de paix à proposer au monde ?
Bien sûr Azadi évoque Ocalan et son évolution politique à la lecture des textes de Murray Bookchin et de l’expérience zapatiste. Le leader du PKK dénonce le concept d’Etat-Nation à l’européenne. L’auteur procède à un tour d’horizon de la situation des Kurdes en Irak, Syrie, Turquie, aborde la question du confédéralisme démocratique qui retient si souvent l’attention des milieux anarchistes.
Aujourd’hui encore deux menaces pèsent sur le peuple kurde : l’Etat islamique et la Turquie d’Erdogan, tous deux d’une rare sauvagerie. L’horizon est incertain, ce n’est pas une nouveauté pour les Kurdes, le plus grand peuple apatride au monde, menacé sur les quatre parties de sa terre, le Kurdistan. Un espoir de paix pour Azadi ou au moins une leçon : « Une paix qui a déjà sa formule : le confédéralisme démocratique, projet politique novateur qui s’enracine dans l’histoire coloniale kurde et propose une autre voie vers la libération. Produit de notre résilience, il est sans conteste l’un des plus belles leçons que nous ayons à apporter au monde ».

• Azadi
Leçons kurdes, Les damnés de la montagne
Ed. La Fabrique, 2025

PAR : Francis PIAN
Groupe Commune de Paris
Emission Au fil des pages sur Radio libertaire

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