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par Krokaga le 18 septembre 2022

La vraie vie

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Aricle extrait du Monde libertaire n° 1841 de juillet août 2022




Cette nuit, j’ai eu un rêve : rendu dépressif et désabusé par le système macroniste ambiant où les gens ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés, j’errais sur les quais de Seine quand je vis un livre qui traînait dans la poussière et dont le titre « J’ai pris le temps de vivre » m’interpella.

C’était l’histoire d’un parisien, écrasé par la société capitaliste, qui décide de tout quitter pour s’en aller loin, très loin... dans le bois de Vincennes ! Il commença par briser sa montre contre une pierre pour se défaire de la barrière du temps, puis planta sa petite tente en toile entre deux chênes centenaires et s’assit au bord du lac pour admirer le vol immobile des hérons accompagné d’une myriade de doux martinets.
Il songea alors au sentiment de liberté et déclama intérieurement des vers d’Aragon : « Est-ce ainsi que les hommes vivent et leurs baisers au loin les suivent. ». Transporté vers les lueurs totémiques de l’éternel retour du Même, il médita aussi sur ces mots « Ici est là-bas. », nourris du sentiment de la Nature, de la Vie : la bohème à l’extrême ! Peu à peu, il se sentait devenir poète, ne faisant qu’un avec le monde naturel. Il était redevenu un enfant s’extasiant des cabrioles d’une libellule, ou s’émerveillant devant une procession de fourmis...
Après quelques jours de recul, il commença à voir les gens comme de vrais êtres humains et non plus comme des «métro-boulot-dodo » : il était à nouveau lui-même. Ce gars n’était ni un gourou, ni un yogi et encore moins un illuminé mais juste un « clochard des étoiles » qui voulait rencontrer son intériorité.

C’est donc ça le temps de vivre ; c’est donc ça ce que je veux vivre ! Un temps parallèle, une autre dimension à côté de nous où il suffit de saisir la main tendue. Non, ce n’est pas le paradis perdu enfin retrouvé, mais c’est l’humanité sans édulcorants, sans additifs ni conservateurs : simplement le sel de la Vie. Le temps de vivre est sans compromissions ni spéculations sur la matière, ni sur le temps qui passe. Pour une fois, ce temps ce n’est pas de l’argent mais du vent qui chante à nos oreilles le doux temps des cerises.

Mais hélas, comment le vivre puisque je suis né dans la mégapole capitaliste, au cœur d’un système manichéen où mon éducation, comme celle de tant d’autres, est uniquement basée sur un emploi du temps uniforme et axée sur l’appétit économique et politique du terrible Léviathan ? Dans ce processus, il ne nous reste plus que les vacances pour penser à soi. Or bien souvent épuisés par une année de pression, un long moment est nécessaire pour « décrocher ». Parvenu à la détente, il faut déjà retourner dans la machine infernale à broyer les corps et les consciences. Les technocrates, dans leur immense hypocrisie, ont prévu la retraite pour être libre. Mais c’est un leurre. Même si l’on n’arrive pas sur les rotules, la société d’exploitation martèle le leitmotiv de « la jeunesse plutôt que la sagesse », incapable de dépasser ses préjugés à l’égard de la spiritualité. Sans attendre un burn-out ou une maladie pour se « réveiller », c’est à dire de passer d’un boulot en usine à apiculteur, la vie intérieure, véritable permaculture où se bonifie la société, devrait être professée très tôt.
Pour changer ce monde, nous avons besoin de toutes et tous, avec nos idées basées sur l’humain plutôt que sur des profils-machines : la solution, il me semble, n’existe pas dans le seul cerveau de Jupiter ! Afin de créer du temps de vivre heureux, recherchons de nouvelles façons pour ne plus faire du travail un instrument de torture, mais plutôt une activité pleinement consentie. Abandonnons le gâchis, le superflu sociétal, vivons l’essentiel en reprenant confiance en notre intuition et sortons de cet individualisme forcené pour construire une collectivité solidaire. Non, ce n’est pas utopiste et il serait naïf voire idiot de le penser. On n’est pas là pour remplir le temps de vides afin de ne pas être considéré comme des fainéants par une bande de conservateurs, paralysés par leurs obsessions du vieux monde.

Persuadé que l’avenir de l’humanité réside dans la réalisation de cette vie révolutionnaire et authentique, j’écoute ce songe pénétrer le tréfonds de mon être. Oui le temps de vivre est une philosophie du futur où enfin on est libre et responsable de faire raisonnablement ce que l’on veut quand on le veut !

Krokaga
PAR : Krokaga
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