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par Initiative pour la paix LGBTI le 23 mai 2016

Appel à la solidarité depuis la Turquie

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L’initiative pour la paix LGBTI (lesbiennes, gays, bi, trans, intersexes) est un groupe d’activistes qui ont été impliqué.e.s dans divers mouvements sociaux et populaires autour des questions anti-sexistes, anti-fascistes et anti-capitalistes. Après l’attentat de Suruç, le 20 Juillet, 2015, la guerre entre l’État turc et le Mouvement pour la liberté kurde est en pleine escalade. La politique de l’AKP (Parti Justice et Développement), parti au pouvoir, conduit à la mort, à des blessures, à l’emprisonnement et à la torture de nos ami.e.s.

Avec les élections du 7 Juin, 2015, un parti pro-kurde, le HDP, a gagné 80 postes des 550 députés, en dépit des attaques contre le parti et ses partisans durant la période de campagne électorale, y compris de multiples attaques sous forme d’incendies criminels de bâtiments du parti et d’un attentat à Diyarbakır le 5 Juin, tuant 5 personnes. La visibilité acquise par des groupes minoritaires et progressistes en Turquie, avec le succès du HDP, a effrayé l’AKP, qui a perdu sa majorité absolue au Parlement pour la première fois depuis 2002, l’année où ils sont arrivés au pouvoir. Néanmoins, aucune des parties au sein du parlement n’a été capable de mettre sur pied une coalition, et donc le Parlement n’a pas été en mesure de fonctionner, ce qui a conduit à une autre élection générale le 1er Novembre 2015.
Juste après l’attentat-suicide de Suruç, dans le district de Urfa(une ville à 10 km de Kobane) le gouvernement turc a unilatéralement mis fin au cessez-le-feu avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), toujours hors la loi . L’attentat a conduit à la mort de 33 personnes, dont la majorité étaient des étudiant.e.s universitaires. Le 10 Octobre, à Ankara, un autre attentat a provoqué la mort de 102 personnes. Celles et ceux qui ont été tué.e.s dans cette attaque, étaient réuni.e.s lors d’une marche pour "le Travail, la Paix et la Démocratie" et pour protester contre le conflit croissant entre les forces armées turques et le PKK.

Après des élections très controversées, l’AKP a repris le pouvoir le 1 Novembre 2015.
Comme l’activité politique légale du HDP faiblissait dans ce contexte de guerre, les combattant.e.s du PKK ont pris l’initiative face à l’armée turque qui continuait à bombarder les zones rurales et leurs bases dans les montagnes. Le PKK a commencé en déclarant l’autonomie dans les villes du Kurdistan turc. L’armée turque a alors attaqué des civils, ainsi que les membres du PKK, dans des opérations militaires dévastatrices et impitoyables. Dans 7 villes, plus de 60 couvre-feu ont été déclarés depuis Juin 2015, durant plus de 100 jours dans certaines régions. Les groupes d’aide humanitaire ont été interdits d’accès auprès des populations civiles blessées qui se sont retrouvées prises entre deux feux. Faute de soins,les blessé.e.s ont succombé à leurs blessures. Les chiffres officiels ne reflètent pas le nombre exact de victimes (civiles et militaires), bon nombre d’observateurs et de journalistes se sont vu refuser l’accès aux zones de conflit, avec des menaces d’expulsion ou de recours à la force physique. Les habitant.e.s qui ont communiqué avec la presse devaient prendre le risque de conséquences brutales. Selon la Fondation turque des droits de l’homme (TIHV), au moins 310 civil.e.s ont été tué.e.s dans le conflit au cours des différents couvre-feu imposés dans certaines parties de la région entre Août 2015 et Mars 2016. A la date du 16 Août 2015, au moins 1.642.000 personnes vivaient sous le couvre-feu dans des zones privées de leurs droits fondamentaux, y compris le droit à la vie et à l’accès aux soins et à la santé. 355.000 personnes ont dû quitter leurs foyers en raison des conflits. Au moins 59 corps non identifiés ont été enterrés par l’État à Cizre dans le district de Şırnak.

Au lieu d’employer des moyens pacifiques pour répondre à ces conflits, l’AKP a utilisé ISIS (État islamique) comme un moyen d’affaiblir la région autonome kurde dans le nord de la Syrie et a laissé les forces d’ISIS avoir accès à des armes,à des équipements militaires ainsi qu’à des soins dans les hôpitaux en Turquie. L’État turc a également facilité le recrutement par ISIS de nouvelles personnes en ouvrant la frontière entre la Syrie et la Turquie.
La presse libre est le plus grand ennemi de l’AKP dans cette guerre. C’est la raison pour laquelle les journalistes Can Dündar et Erdem Gül font maintenant face à des accusations de terrorisme pour avoir publié des documents et des images prouvant le transport d’armes aux soldats d’ISIS sous la supervision de l’Agence du renseignement turc (MIT). Ils ont été arrêtés et emprisonnés pendant un certain temps. Ils sont libres maintenant, mais 29 journalistes sont encore emprisonnés actuellement en Turquie.
L’AKP a également favorisé la répression de la liberté d’expression. En Janvier 2016, un groupe d’universitaires a appelé à une pétition lors d’une campagne « Nous ne serons pas liés à ce crime », affirmant que cette guerre était un crime commis par l’État turc. Plus de 2.000 universitaires ont signé la pétition, et Erdogan les a accusé.e.s d’être des terroristes. Suite à cela, les universitaires ont dû faire face à des accusations de terrorisme et quatre d’entre eux ont été arrêtés et placés en détention. L’affaire est toujours en cours.
Récemment, suite à un « décret » d’Erdogan, la définition de terrorisme dans le système pénal turc sera étendue de manière à inclure des « activités terroristes sans armes », ce qui vise clairement à faire taire celles et ceux qui militent pour la paix par des moyens non-violents, malgré l’oppression et les menaces auxquelles ils et elles sont confronté.e.s.


APPEL D’ACTION ET DE SOLIDARITÉ


La mise en place d’une pression internationale sur le gouvernement turc est cruciale afin que les pourparlers de paix puissent commencer à nouveau. Un cessez-le-feu entre l’État turc et le PKK doit être déclaré, et les couvre-feu dans le sud-est de la Turquie doivent prendre fin.

S’il vous plaît partagez les informations ci-dessus, et organisez vos propres actions de solidarité.
Les demandeurs et demandeuses d’asile sont confronté.e.s à des menaces d’expulsion suite à l’accord passé entre l’Union européenne (UE) et la Turquie. Nous devons briser le silence des États membres de l’UE et leurs institutions, leur montrer qu’ils ne doivent pas fermer les yeux sur cette violence et sur les violations des droits humains dans le but d’arrêter les réfugié.e.s qui arrivent en Europe. Les réfugiés sont le résultat de cette guerre, dans laquelle la Turquie joue un rôle important.

DIRE NON A LA GUERRE EN TURQUIE, DIRE NON A LA GUERRE EN SYRIE !

Que pouvez-vous faire?

1) Soutenir et diffuser notre campagne

2) Organiser des événements de collecte de fonds, et contribuer à la campagne de soutien à la reconstruction de Sur et Cizre.

3) Organiser des manifestations et des sit-in devant les bâtiments de l’ambassade turque dans votre ville. . Vous pouvez choisir le moment le plus approprié pour vous. S’il vous plaît diffuser l’annonce et prenez de belles photos de votre manifestation. Et n’oubliez pas de nous envoyer le texte de votre annonce et d’autres nouvelles dans les médias.

Si vous avez besoin de plus amples informations, contactez-nous : lgbtibarisgirisimi@gmail.com.





Présentation de la LGBTI Initiative pour la paix.



Nous avons commencé notre Initiative pour la paix LGBTI, afin de faire gagner la paix, la démocratie et l’humanité...

Nous avons commencé notre activité dans un contexte de violence et de guerre, à commencer par le massacre de Suruç, qui a eu lieu le 20 Juillet 2015 dans la province de Sanliurfa. Il y a deux ans Erdogan, alors Premier ministre, dit : « Nous essayons tout pour que ce problème soit résolu. Si nous devions boire la ciguë, nous le ferions pour pour la paix arrive sur ce pays », et maintenant il est devenu la principale source d’inquiétude pour ce pays. Les tentatives d’Erdogan pour perturber la sphère politique en réduisant la loi à néant est de facto un coup d’État. Le Palais a pris la démocratie et la paix en otage. Il est inacceptable que les résultats des élections ne soient pas reconnus, que les politiciens civils soient mis en garde à vue et en détention, et que les personnes qui demandent la paix soient criminalisées et forcées d’approuver la guerre. La chute est inévitable pour ceux qui se battent pour la paix et la démocratie, mais combien de personnes vont encore perdre leur vie pour que cela soit clair ?

La guerre signifie la discrimination continue, la tyrannie et la violence contre l’autre, et une guerre est menée contre nous LGBTI de Turquie. S’il n’y a pas de paix, il n’y a aucune chance d’aboutir un jour à une vie libre et égalitaire. Aujourd’hui, nous pensons que la paix est une nécessité urgente pour tout le monde en Turquie. La guerre et la violence du Palais se nourrit du militarisme et de la mentalité patriarcale qui valorise la masculinité et prêche la haine. Nous, en tant LGBTI, sommes uni.e.s contre la guerre menée par le patriarcat.

Nous exigeons un cessez-le-feu immédiat et un retour aux pourparlers de paix. Au cours de la résistance de Gezi Park [note] (en 2013), nous avons réalisé que c’est l’écoute et la communication avec l’autre qui nous a donné le pouvoir. Voilà pourquoi nous disons « Stop ! » au bellicisme qui nous rend sourd. Une solution démocratique à la question kurde est possible, mais elle doit être fondée sur le dialogue et la compréhension ouverte. Les soldats, la guérilla, et la mort de civil.e.s doivent être immédiatement arrêtés. Nous sommes bien conscient.e.s que le discours non-violent pour la paix se renforce, les bellicistes seront désolés et l’humanité va gagner.

Nous, en tant qu’’Initiative pour la paix LGBTI, avons fait le premier pas afin de défendre notre droit humain commun à survivre à la guerre. Nous sommes déterminé.e.s à prendre la parole pour la paix. L’appel à la paix de la société LGBTI, et de celles et ceux qui veulent la paix, peut arrêter les morts et aider à mettre un terme à l’atmosphère de peur. Nous sommes parti.e.s avec cette croyance dans nos cœurs. Nous, en tant que LGBTI qui disent non à la guerre dans chaque partie de la vie, nous mettons au travail pour donner un coup de main aux efforts de retour à la situation de cessez-le-feu, afin de développer et de renforcer la paix.

Les organisations et les militant.e.s LGBTI indépendant.e.s, qui forment l’Initiative pour la paix LGBTI, n’auront de cesse de parler et d’organiser la paix. Nous allons défendre la paix, sans aucune excuse. Nous invitons toute la société LGBTI, qui est pour une solution démocratique, à rejoindre notre initiative, à donner un coup de main aux efforts pour la paix à venir.

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