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par Crimethlnc le 17 janvier 2022

Kazakhstan : l’analyse d’un anarchiste russe

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8 janvier 2022



Une statue de Nursultan Nazarbayev renversée

Après des décennies de répression et échecs, pourquoi ce retour réitéré de l’espoir en Biélorussie, en Russie, au Kirghizstan et à présent au Kazakhstan ? Pourquoi alors que leurs parents, amis et voisins sont tombé.e.s sous les balles de la police ou de l’armée, les gens continuent-ils à lutter ? Comment se fait-il que nous ayons encore cette opportunité de sentir le vent du changement et de l’émotion qui nous permet goûter à ce que notre vie pourrait être ?


Nous pouvons avoir une réponse dans les paroles du musicien kazakhstanais Ermen Anti, du groupe Adaptation :
«Ils auront beau tirer, les balles ne suffiront pas. Peu importe qu’ils écrasent tout, des graines de la juste colère sont en train de naître les enfants de Prométhée, qui apporteront le feu au peuple qui gèle".
Quand nous observons les événements des dernières décennies au Kazakhstan, en Biélorussie, en Russie et au Kirghizstan, nous devons nous demander ce que pourrait apporter la coopération entre les différentes initiatives et mouvements de lutte pour la libération sur le plan international. Ces connections pourraient permettre l’échange d’expériences politiques et culturelles, pour renforcer la cause commune que les peuples de ces pays devraient partager. Et pourtant, contrairement aux économies et réalités politiques de ces pays qui sont fortement interconnectées, les mouvements anarchistes sont déconnectés entre eux.

Le Kazakhstan peut être un exemple de ce qui peut se passer demain en Russie, en Biélorussie et dans d’autres pays de cette partie du monde. Aujourd’hui, les gens en Russie craignent pour leur vie quand ils envisagent d’exprimer une quelconque dissidence. Mais demain nous pouvons voir Zhanaozen et Almaty dans les villes de Russie, de Biélorussie (à nouveau !) et d’autres pays. Les certitudes du type "ça ne peut pas arriver chez nous ne tiennent plus ; ce qui peut arriver ou pas dépend de ce que nous serons capables d’imaginer et de souhaiter.

Quand des situations telles que celle du Kazakhstan se produisent, nous constatons l’importance d’être en lien avec les autres dans notre société. Aujourd’hui nous sommes surpris de ne même pas être parmi les gens qui sont dans la rue, à lutter et nous défendre coude à coude, ou à mener d’autres actions pour soutenir le soulèvement. Afin d’être prêt.e.s et connecté.e.s, nous devons être capables de faire face aux contradictions internes de nos communautés et de notre société dans son ensemble. Nous devons être capables de communiquer nos idées et de porter des propositions aux personnes qui nous entourent dans des situations comme celles-ci. Les conflits, les désaccords et l’isolement sont en train d’asphyxier nos camarades et sans cela, ils et elles pourraient consacrer leur vie à la lutte. Quand je me demande de quoi nous avons besoin pour être dans la rue, à marcher ensemble, en ayant le souci des autres et en luttant ensemble, j’imagine une autre approche, rendre possible que chacun.e puisse lutter, se développer, survivre.

Nous pouvons nous demander : que devons-nous changer dans notre approche des autres, comment envisager la lutte et nos mouvements, pour qu’ils soient une source de vie et d’inspiration qui puisse apporter aux gens des façons de réfléchir, de lutter et de vivre ?

Par exemple, rappelons-nous le mouvement féministe au Kazakhstan, qui fut au centre de l’attention et du discours public dans les années 2010 : il avait sorti une revue féministe et mis sur le tapis la question au Kazakhstan comme jamais personne auparavant, en mettant en relation des tas de groupes et de communautés le long de la ligne de rupture de la violence domestique et du patriarcat. Voilà un exemple sur une façon de nous positionner pour aborder des sujets qui créent du lien entre nous et un large éventail de personnes dans notre société.

Dans les anciennes républiques soviétiques, nous avons un héritage impressionnant de résistance et de soulèvements dans lequel puiser. Nous devons nous mettre en relation entre nous pour accéder à ce patrimoine.

Solidarité et courage à toutes les personnes en lutte au Kazakhstan et dans tous les pays post-soviétiques. Comme on dit, les chiens peuvent aboyer mais la caravane ira de l’avant, Ils se peut qu’aujourd’hui on nous marche dessus mais la lutte continuera et ceux et les victimes ne seront pas oubliées.


Traduction de l’anglais. Monica Jornet Groupe Gaston Couté FA
PAR : Crimethlnc
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