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Dans un sale État
par Georges Nurco le 9 août 2021

Baisse des rémunérations dans la fonction publique, il faut réagir !

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Pour faire croire que le gouvernement maîtrise les dépenses publiques, rien de plus simple, il suffit de geler le point d’indice qui sert de base pour calculer la rémunération des agents publics. Songez ! Depuis 2010, il n’a connu aucune revalorisation notable ! De mensonges en maquillages, de calculs tordus en régimes indemnitaires inégalitaires, il arrive un jour où la vérité apparaît. C’est fait et sans surprise ! l’INSEE vient de rendre les résultats d’une étude sur 2009-2019 : la rémunération a baissé de 0, 7 % alors que dans le privé, la hausse est de 4, 8%. Qui va encore raconter des bobards sur le thème des « planqués dans l’administration ».

La tutelle de l’État
Voilà un champ de lutte à suivre avec attention. Pendant longtemps, la rumeur plus ou moins fondée voulait que les contractuels soient favorisés par rapport aux fonctionnaires titulaires de leur grade et donc moins sujets à chômage. C’est fini ! les contractuels connaissent les mêmes pressions et les traitements qui leur sont proposés n’ont plus rien d’attractif.
Les trois fonctions publiques connaissent des disparités relatives : -0,1% pour l’État, +0,1 pour la territoriale, -0,2% pour l’hospitalière. Au-delà des applaudissements et des grandes envolées sur la passion du service public, les pouvoirs publics n’ont que mépris pour leurs agents. Observons les écarts entre les catégories A (les cadres) et C (les agents d’exécution) dans la territoriale (1,9 million d’agents), les premiers ont un traitement moyen net de 3 202 euros et les seconds de 1 828 euros. Il est exact qu’un effort a été accompli pour la catégorie C et encore, il faudrait nuancer. Mais le décrochage est net pour les cadres de la fonction publique en comparant avec ceux du secteur privé. Rappelons que l’évolution des traitements pour les trois fonctions publiques est décidée par l’État. Seul le régime indemnitaire est variable selon les collectivités territoriales (Communes, départements, régions) et les établissements publics. Et encore, l’État surveille ces « avantages » accordés par les élus locaux à leurs agents et les rappellent à l’ordre lorsqu’ils dépassent ceux accordés aux fonctionnaires d’État. Nivellement par le bas. Il reste que le principe de ce régime indemnitaire est profondément inégalitaire car il résulte de la « richesse » de la collectivité. Il est plus intéressant à la région d’Ile-de-France que dans une commune de 3 000 habitants.

Baisse du niveau de vie
Cette baisse des traitements de base est due au gel du point d’indice mais aussi à l’augmentation progressive du taux de cotisation et au coût de la vie. Il est difficile pour certains agents de se loger. Payés en-dessous du Smic, ils « résident » dans leur véhicule. On peut parler de fonctionnaires pauvres. Un élu d’une ville bourgeoise s’étonnait que ses agents de catégorie C n’habitent pas la commune… Quand on lui a rappelé leurs traitements et le montant des loyers, il a préféré tourner le dos à cette réalité.
La faiblesse de la rémunération a des conséquences sur l’attractivité des carrières. Les jeunes diplômés hésitent à s’y investir. Le nombre de candidats aux concours est divisé par trois en vingt ans. Attention, l’attractivité des concours eux-mêmes est très relative, le nombre de postes offerts est parfois très faible et les résultats relèvent de la loterie plus que du recrutement des meilleurs. 3 postes pour 4 500 candidats… Une part d’absurdité !! Dans un souci d’économie permanente, les pouvoirs publics ont réduit drastiquement le nombre de postes offerts. De plus, la loi d’août 2019 dite de transformation de la fonction publique a banalisé le recrutement par contrat. Pourquoi faire passer un concours si le contrat est possible, y compris en CDI directement… Au dernier concours d’attaché territorial, le nombre de postes offerts est ridiculement bas alors que les départs à la retraite dans cette fonction publique se multiplient… Les élus préfèrent recruter des contractuels immédiatement disponibles et plus malléables.

La carotte électorale
Le gouvernement refuse toute augmentation générale, c’est trop cher. Alors on multiplie les mesures catégorielles plus ou moins démagogiques. On consacre 250 millions aux catégories B (cadres intermédiaires) et C, on réduit les écarts entre les ministères. Ainsi le saupoudrage tient lieu de politique et les inégalités perdurent sans vue d’ensemble. A la demande des organisations syndicales d’une revalorisation, le gouvernement promet des discussions échelonnées jusqu’en février 2022, soit la veille des élections. On voit le résultat gros comme une maison… soyez sages, votez bien et l’État concèdera quelques miettes. Très habile d’entremêler le calendrier électoral et celui des « discussions » ! Retraites, rémunération, conditions de travail, le champ des luttes sociales est vaste pour septembre…





Georges Nurco
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le 9 août 2021 17:28:19 par Luisa

[Je suis bien contente d’être à la retraite]
Et je sais que, public ou privé, certains seraient même très contents de nous/vous taper dessus !