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par Norma Santi le 5 avril 2020

Armée go home. Construire l’utopie concrète

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trad. Monica Jornet groupe Gaston Couté

Tout en tâchant d’éviter les abus rhétoriques, il n’est pas inutile de rappeler certains événements passés et présents récents qui, en Italie, nous placent dans les conditions actuelles de “confinement à la maison” comme moyen de vaincre l’épidémie de coronavirus.
La boîte de Pandore découvre tous les maux d’une crise annoncée. Le système étatique et capitaliste ne s’occupe pas du bien-être de tou.te.s mais ne se soucie que de rentabilité et considère la santé comme une quelconque marchandise, le Covid 19 est à nouveau prétexte pour perpétuer des pratiques inefficaces.
La privatisation du système de santé, en œuvre au cours des dernières décennies dans notre pays, n’a permis qu’à ceux qui pouvaient se le payer d’être bien soignés et les gouvernements successifs, ne considérant absolument pas la santé comme un bien universel et gratuit pour tout.e.s et mais comme une entreprise, ont pratiqué le marketing dans sa gestion comme pour n’importe quelle société par actions. Tout cela a fait du patient un usager et un client.
Une telle gestion a causé la fermeture d’établissements de soins, de services des Urgences, de maisons d’accueil pour les femmes victimes de violence, a réduit le nombre de lits d’hôpitaux, de personnel médical et paramédical, allongé les listes d’attente pour les consultations de médecins spécialistes, augmenté le financement à des holding payantes pour les patients, et explique, enfin, l’insuffisance des investissements dans la recherche et la prévention pour la santé publique.
Aucune attention n’a été en outre portée à la nocivité, nous en voulons pour preuve les nombreuses usines polluantes bien connues (Ilva de Taranto), la spéculation sur les ordures, sur les déchets toxiques et sur les tremblements de terre, le bétonnage au nom d’un faux progrès, dont les victimes vont grossir la liste des milliers de décédés en raison des catastrophes et des situations d’ urgence.
La propagation du Covid 19 dans les conditions de surpopulation carcérale et des centres pour migrants a rendu le panorama sanitaire encore plus explosif et accentué sa mauvaise gestion.
La seule solution que ce système hiérarchisé a trouvé a été d’imposer, avec ses ordonnances et ses interdictions, de rester enfermés chez soi car « Tout ira bien » laissant ainsi la plupart des personnes gérer seules l ‘éventuelle contagion. La raison à tout cela ? Le manque de lits, de traitement possible. Le résultat ? Le nombre de morts s’annonce déjà comme une véritable hécatombe. Les écoles, les bureaux et les parcs ont fermé, de nombreux travailleurs sont contraint.e.s de rester à la maison sans salaire, d’autres sont obligés d’aller travailler pour soutenir les besoins essentiels de la population sans véritable prise en charge de leur santé.
Tout ira bien pour notre santé quand l’agent pathogène se sera stabilisé, l’obligation de rester dans des espaces clos quand il y a promiscuité n’est en outre pas probante pour stopper la propagation et l‘évolution du Covid 19. La peur, l’isolement, l’abandon dans les intérieurs -et dans la rue pour qui est sans logement-, sont les solutions adoptées pour gérer la santé publique. Ce sont tout le personnel sanitaire et les employé.e.s à la distribution de denrées de base qui sont en train de nous soutenir. En sous-nombre, ils sont en train de se tuer à la tâche sans relâche avec de précaires systèmes de protection, s’exposant ainsi plus que quiconque au risque de contagion.




Le déploiement de l’armée, entraînée au maintien de l’ordre social dans les quartiers, sur les plages, n’est pas une solution testée scientifiquement pour limiter la contagion et, de plus, cette propagande militariste inutile aura un coût qui nous retombera dessus. Pourquoi n’est-on pas en train d’opérer des coupes budgétaires dans les dépenses militaires et pourquoi n’est-on pas au contraire en train de faire l’acquisition des équipements nécessaires à la santé de tou.te.s ? On ne peut donc absolument pas nous faire croire, une fois de plus, que les gouvernants et les patrons sont en train d’agir avec la volonté de trouver des solutions efficaces dans l’intérêt général.
Ceci prouve à quel point il est essentiel pour la population de construire la solidarité horizontalement avec des solutions concrètes, par elle-même, hors du système de représentation, d’exploitation, de marchandisation, d’inégalité et à quel point il est nécessaire de sortir de la mentalité de la peur et de la résignation pour créer et gérer la santé et les espaces qui nous sont communs par des méthodes réellement alternatives et solidaires, respectueuses de la dignité des personnes et de l’environnement.
C’est, à mon avis, à la fois le désir de liberté et l’action concrète qui anime l’alternative et la lutte dans une perspective libertaire. Et la liberté, pour ce qui ne concerne, n’a pas besoin d’être prévisionnelle, étant un besoin primaire et non une idée abstraite, elle devrait toujours être cultivée, à chaque instant, à travers l’hétérogénéité des objectifs, l’auto organisation et l’autogestion, partagées, d’en bas et, dans toute la mesure du possible, dans tous les secteurs et les domaines de notre vie.
Norma Santi. Groupe C.Cafiero FAI Roma

Note de la traductrice de l’article, Monica Jornet, Groupe Gaston Couté FA : je signale que notre compagne a publié un très beau recueil d’analyses et d’expériences vécues : Le défi anarchiste dans le Rojava, chez BFS Edizioni, en collaboration avec Salvo Vaccaro,.


PAR : Norma Santi
Groupe C.Cafiero FAI Roma
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