Mouvement No Muos [note] . 8 janvier 2020

Cela semble désormais certain, la base US de Sigonella a eu un rôle dans l’acte de guerre des USA contre le général Soleimani, l’un des principaux chefs militaires du gouvernement iranien.

En dépit du caractère secret de l’opération, il est possible de reconstruire la dynamique de l’attaque en partant de quelques éléments.

Le drone MQ9 – Reaper utilisé pour réaliser l’attaque couvre une distance de 1550 milles, soit 1850 km. La distance entre Sigonella et Bagdad est de 2680 km à vol d’oiseau. Ceci excluerait un pont direct depuis la Sicile et rend plus plausible l’utilisation de l’une des nombreuses bases de drones installées sur toute la zone du Moyen-Orient (Koweit, Émirats Arabes, Qatar et même l’Irak). Quelques sources suggéreraient en particulier un départ depuis le Qatar.

Pouvons-nous pour autant nous exonérer de toute responsabilité ? Pas même en rêve.

Depuis 2016 au moins, la base sicilienne abrite en fait les nouveaux MQ9, nouvelle version du MQ1, avec le consentement du gouvernement italien. Néanmoins, l’État italien a émis des obligations légales concernant
l’utilisation des avions sans pilote au travers des accord bilatéraux approuvés par les décrets 135/11/4^ Sect. du 15 septembre 2012 et 135/10063 du 17 janvier 2013.

Ces obligations prévoiraient la nécessité pour les USA d’informer le gouvernement italien. Une communication qui, nous l’apprenons par diverses sources de presse, n’a jamais eu lieu.

Une nouvelle fois, nos gouvernants se montrent les valets stupides des intérêts impérialistes du gouvernement états-unien qui, pour défendre son hégémonie au Moyen-Orient (de plus en plus remise en question), est prêt à déchaîner une guerre dont les victimes seront une fois de plus les peuples durement éprouvés de ces territoires. Parce que, même si le drone n’est très probablement pas parti de la base de Sigonella, il pourrait y avoir fait une escale technique.

Et nous apprenons de plusieurs sources sûres que le Muos aurait servi à la géolocalisation et la vérification de la cible.

Donc Sigonella et le Muos ont-ils ou pas à voir avec l’attaque ? Nous avons beau croire que notre responsabilité n’est pas engagée, nous sommes tout de même impliqués.

Nous savons que la base US de Ramstein en Allemagne a eu un rôle crucial dans la guerre invisible des drones. Le cœur hi-tech de Ramstein est le système satellitaire UAS Satcom Relay, qui permet aux opérateurs de drones assis devant un écran dans une base US de communiquer en temps réel avec les avions sans pilote de l’autre côté de la planète, en envoyant des ordres aux drones et en recevant des images de ce que le drone voit sur place.

Mais, depuis 2011, Sigonella aussi dispose d’un système identique à celui de Ramstein. Le système fournit en temps réel les données à la base Creech Air Force Base située au Nevada, le centre d’où sont pilotés les drones et d’où est partie l’attaque contre le général Soleimani selon tous les observateurs internationaux.

Sigonella et le Muos ont donc, à l’insu du gouvernement italien et comme nous le dénonçons depuis des années, eu un rôle crucial dans l’attaque terroriste : dans la guerre 3.0, la responsabilité politique et militaire des base US présentes sur le territoire national ne peut en effet se cantonner au simple repérage, désormais dépassé, de la localisation de l’aéroport de départ.

Sigonella et le Muos, tout comme les autres bases US sur le territoire italien, représentent donc des instruments essentiels pour les nouvelles guerres mais également des éléments dans la responsabilité et l’implication de notre État dans ces actions illégales et criminelles.

Comme nous l’avons déjà affirmé au cours de ces dernières années, notre exposition en cas de conflit est très élevée. Notre territoire est devenu le porte-avions des USA en Méditerranée et, en conséquence, l’un des objectifs les plus exposés aux frappes.

Nous considérons, de plus, inadmissible qu’un président en plein impeachment, probablement aussi à des fins électorales et sans même l’autorisation du Congrès, accomplisse un tel crime de guerre amorçant ainsi une escalade belliciste à ce point dangereuse.

Le moment est donc venu d’organiser une mobilisation massive qui pousse enfin l’Italie à quitter l’OTAN, afin de mettre un terme à la servitude militaire dévolue à l’État et à la soif de profit des multinationales de la guerre.

Nous disons donc « ça suffit ! Stop à cette guerre qui semble se profiler à l’horizon ainsi qu’à tous les conflits du monde ».

Traduction d’un communiqué public publié le 8 janvier 2020 sur la liste FAI.
Monica Jornet - Individuelle FAI Napoli et Groupe Gaston Couté de la Fédération Anarchiste.

Traductrice et éditrice pour les Ed. du Monde Libertaire de la brochure du Comité No Muos La lutte No Muos -Résistance anti-militariste, anti-impérialiste, anti-propagande en novembre 2018 (cf. Invitée sur ce sujet dans l’émission Trous Noirs sur Radio libertaire).
Autrice d’une interview dans le ML n°1795 de mai 2018 d’une activiste No Muos : « Don Quichotte de la Sicile contre les paraboles à microondes ».