IVG : l'herbe n'est pas forcément plus verte ailleurs

mis en ligne le 28 mai 2015
1776AbortingLa nouvelle vient de tomber : après avoir reçu une claque durant leur combat raté au sujet du mariage gay, les républicains américains enfourchent un autre vieux cheval de leur bataille, le droit à l'avortement. La Chambre des représentants vient de voter pour la limitation des interruptions volontaires de grossesse au-delà de vingt semaines après la conception. Heureusement, il y a beaucoup de chances pour que celle-ci ne passe pas la barre du Sénat, faute de quoi Barack Obama pourrait alors opposer son veto, comme il l'a déjà fait pour d'autres propositions réactionnaires votées principalement dans des états 'sudistes' du pays, (il est 'amusant' au passage, de noter qu'à part quelques exceptions aux États-Unis comme en France, ce sont les états du sud les plus réacs... Effet coups de soleil ?...). Il n'en reste pas moins que les adversaires de l'avortement ont déjà remporté des victoires dans l'Oklahoma, le Tennessee, le Kansas et l'Arizona.
L'Oklahoma devient le quatrième état à imposer un délai d'attente de 72 heures entre la requête et la pratique de l'avortement, après l'Utah, le Dakota du sud et le Missouri. Dans le Tennessee, de nouvelles contraintes viennent s'ajouter à celles déjà existantes dans les cliniques qui le pratiquent. Le Kansas, pour sa part, vient de s'opposer aux techniques d'intervention tardives d'avortement. Pire encore, en Arizona, le gouvernement d'état oblige les médecins le pratiquant par le biais de méthodes pharmaceutiques, et ceci contre l'avis des scientifiques, d'informer leurs patientes d'effets prétendument irréversibles... Ceci n'est pas sans nous rappeler en France, les discours des Xavier Dorr et poncifs de SOS tous petits qui assènent les mêmes contre-vérités dans leurs réunions mensongères ou essayaient de les inoculer aux jeunes femmes par le biais de leurs relais dans les centres du planning familial ou encore, partout où ils ont pignon sur rue. Cet acharnement thérapeutique sur les, de plus en plus rares, lieux où sont encore pratiqués sans contraintes les avortements n'est pas hélas propre à la France : aux États-Unis on constate également une nette limitation du nombre de cliniques habilitées à pratiquer les interruptions de grossesse. En Louisiane et au Texas, les anti-IVG ennemis de l'arrêt Roe v. Wade datant de 1973 légalisant l'avortement, ont également réussi à imposer un entretien préalable à toute intervention. Plus grave encore, dans les états du Kansas, de l'Arkansas et de l'Alabama, des projets de loi ont été déposés pour interdire l'avortement « en cas de présence de battements de cœur du fœtus ».
On est en droit de se poser la question de savoir dans quelles conditions ces constats seront faits et par qui ?... Donc en France comme aux États-Unis, les conservateurs et leurs alliés, les ennemis des libertés enfourchent sans vergogne, mais certainement pas sans liens entre-eux, les mêmes épouvantails populistes frappés du sceau du sabre et du goupillon...