Mort de Hugo Chávez : déclaration des anarchistes vénézuéliens

mis en ligne le 13 mars 2013
1699AnarchyChavezQuand s’additionnent une très grave maladie, des soins médicaux conditionnés à des décisions politiques et un malade halluciné de pouvoir, on ne pouvait qu’attendre ce dénouement : le caudillo est mort et un changement important dans la scène politique vénézuélienne est en marche.
En un instant, ce qui était la plus grande force du régime est devenu sa plus grande faiblesse : Chávez était tout et, en disparaissant, il ne reste qu’à conjurer la fidélité absolue à son souvenir, avec l’obéissance à ses dispositions pour lui succéder. Ce qui met en évidence la fragilité d’un gouvernement qui a voulu renfoncer son supposé caractère « socialiste et populaire » avec la pratique d’un culte grotesque de la personnalité, maintenant réduit à une ridicule invocation aux âmes du purgatoire. Le disparu a été lui-même l’auteur principal de cette fin. Le « secrétisme » qui entoura sa maladie était motivé par les mêmes ressorts que la centralisation extrême du pouvoir. Ce qui, par manque de cohérence idéologique interne, laisse ses suiveurs s’affrontant entre eux-mêmes pour l’héritage du commandement, avec un clair avantage pour les hauts bureaucrates (rojo-rojitos) et la caste militaire, en pleine manœuvre de négociation pour assurer l’impunité de leurs corruptions.
En ce qui concerne les oppositions, la droite et la social-démocratie, la nouvelle situation les surprend sans qu’elles aient digéré leur déroute aux dernières élections présidentielle et régionales, élections où elles s’étaient compromises avec des illusions exagérées sur l’offre d’un « chavismo sifrino » (chavisme de riches), promettant aux électeurs de maintenir efficacement l’emploi des instruments clientélistes qui ont tant servi à Chávez. Maintenant, cette opposition accommodante veut croire qu’une fortuite métastase a enfin mis à sa portée l’accès à ce pouvoir politique duquel ses ambitions, erreurs, paresse et incompétence l’ont éloignée pendant de longues années. Un pouvoir qu’elle exercerait avec une sottise et une ardeur prédatrice similaires à celles de la « bolibourgeoisie » chaviste.
Face à ces calculs mesquins et opportunistes, qui mettent sur le même rang le Grand Pôle Patriotique (Gran Polo Patriótico) et à l’opposition de la Table d’Unité Démocratique (Mesa de Unidad Democrática), nous, nous sommes face à la grave situation où se trouve ce pays : inflation qui s’emballe, chômage grandissant et précarité dans le travail, dévaluation monétaire, effrayante insécurité personnelle, grave crise dans les services d’eau et d’électricité, éducation et santé, manque de logement, travaux publics obsolètes ou en exécution brouillonne, attention démagogique des besoins extrêmes des plus nécessiteux, et un et cetera qui même lointain n’en est pas moins néfaste.
Mais ces problèmes ne sont pas la principale préoccupation des deux groupes en lutte pour la « Silla de Miraflores » (le fauteuil présidentiel) et le butin pétrolier. C’est pourquoi notre réponse collective doit mépriser leur permanent chantage de nous demander un appui électoral en échange de solutions qui n’arrivent jamais ou qui sont ridiculement incomplètes. C’est l’heure de déborder ces oligarchies politiques pourries et de construire, par le bas, une vraie démocratie avec égalité, justice sociale et liberté. Il faut accroître l’indignation généralisée devant la situation dont nous pâtissons, et la convertir en luttes sociales autonomes, larges et autogestionnaires. Il faut dire aux politiques du pouvoir que nous, nous n’avons pas besoin comme intermédiaires ou comme donateurs gracieux de ce que, en bas et unis, nous pouvons obtenir, sans « mains blanches » ni « bérets rouges ».

Collectif éditeur d’El libertario
ellibertario (arobase) nodo50.org - www.nodo50.org/ellibertario - periodicoellibertario.blogspot.com



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


Tom-Meursault

le 14 mars 2013
Un temps j'ai suivi la FA, mais l'ai quitté au bout d'un certain temps. Et même si ça doit blesser certains, je ne regrette pas ce geste en voyant ce que le Monde libertaire publie après la mort de Chavez.
Certes il n'était pas parfait, loin de là, mais derrière lui ce sont tous les révolutionnaires qui se rassemblent, des millions, qui se battent pour le socialisme, qui sont totalement internationalistes, et réclament une offensive contre les bureaucrates du PSUV.
Tout révolutionnaire censé devrait appeler à voter Maduro, même si celui-ci n'est pas totalement révolutionnaire. Il en dépend de l'avenir de la Révolution mondiale.

Fraternellement,
Tom-Meursault

fred

le 15 mars 2013
Les chavistes sont-ils les nouveaux stals ?

71362Marec

le 15 mars 2013
Il était tout de même un dictateur en puissance, donnant au peuple d'une main pour les étrangler de l'autre main

Tom-Meursault

le 16 mars 2013
Les révolutionnaires venezueliens ne sont certainement pas staliniens, d'alleurs Chavez avait rappelé à plusieurs fois que l'URSS n'état absolument pas un modèle à suivre. Et si il a y a bien des hommes que les travailleurs venezueliens blâmnt, ce sont les bureaucrates du PSUV, eux qui ont justement ignorés les appels de Sabino Romero, qui sabotent le contrôle ouvrier, collaborent avec la droite, ... Ce sont eux nos ennemis, avec les oligarques et l'impérialisme.

Notre objectif commun à tous c'est d'en finir avec le capitalisme, et si il est bien une chose qui effraerait les bourgeois à Washington, Madrid et les beaux quartiers de Caracas, ce serait une victoire éclatante de Maduro le 14 avril prochain, qui revitaliserait la Révolution bolivarienne.

salina

le 19 mars 2013
"Tout révolutionnaire censé devrait appeler à voter Maduro, même si celui-ci n'est pas totalement révolutionnaire"

Tout révolutionnaire censé devrait s'abstenir de voter pour des bureaucrates contre-révolutionnaires s'alliant avec des personnages douteux au nom de la lutte contre l'impérialisme occidental bourgeois, mélangeant complotisme, antisémitisme primaire et géo-politique.

Tom-Meursault

le 20 mars 2013
Ce qu'il faut saisir, c'est que plus sera large la victoire de Maduro, plus les révolutionnaires venezueliens seront lancés, à la fois contre les capitalistes et les bureaucrates chavistes, même si ce sont Cabello ou des gouverneurs (surtout, en fait).

Appeler à l'abstention serait presque criminel, à l'avenir. Si la Révolution (car c'en est une) s'essoufle et que la droite repart à l'offensive, la démoralisation ferait son jeu, et parti les acquis de 14 années de lutte (acquis qui ne suffisent pas).

Les accustions d'antisémitisme sont usités, désormais, et de plus fausses.

Fraternellement