Viols, violences : arrêt sur images pour comprendre

mis en ligne le 29 novembre 2012
1689MirabalAu-delà du 25 novembre, journée de lutte contre les violences faites aux femmes, se mobiliser tout au long de l’année est une nécessité. C’est pourquoi, dans cet article, nous aborderons en détail comment décrypter la stratégie de l’agresseur afin de comprendre comment se construisent les comportements de l’agresseur mais aussi de la victime : afin d’édifier d’autres comportements pour échapper à la spirale de la violence, spirale qui aspire…
Rappelons que cette date a été retenue en hommage aux sœurs Mirabal, ferventes militantes pour la liberté et qui furent assassinées le 25 novembre 1960 sur ordre du chef de l’État dominicain, Rafael Leonidas Trujillo. La résolution 54/134 des Nations unies a été adoptée en 1999 pour faire du 25 novembre la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et ainsi sensibiliser l’opinion publique. Depuis, chaque année, les associations féministes et proféministes se rassemblent pour interpeller et faire reculer les violences sexistes.
La violence à l’égard des femmes selon les Nations unies se définit ainsi : « Tout acte portant un préjudice physique, sexuel ou psychologique, dans la sphère privée comme dans la sphère publique. »
Nous reprenons ici les propos tenus en 2008 par Marie-France Casalis, porte-parole de l’association Collectif féministe contre le viol : « L’écoute des femmes victimes de viol permet d’ouvrir un espace pour que ces femmes voient la stratégie de l’agresseur et qu’elles la décryptent. Cette stratégie est simple et repose sur cinq grandes priorités.
« Il va d’abord isoler la victime, soit géographiquement, soit familialement, soit socialement, et de façon à ce qu’elle ne trouve pas d’aide.
« Ensuite il va l’humilier, la transformer en objet, la traiter comme une moins que rien, de telle façon qu’elle pensera qu’elle n’a aucune valeur et que personne ne peut s’intéresser à elle.
« Après ça, il va installer, mettre sous terreur. Et je crois que quand on travaille sur la violence, il faut comprendre qu’un agresseur efficace arrive à instaurer un tel système de terreur que sa victime n’est plus en état de faire ce qu’elle devrait faire ou ce qu’elle pourrait faire. Et c’est pour ça qu’elle va se sentir responsable après parce ce qu’elle dit : “J’aurais peut-être pu mais je n’y ai pas pensé”, mais c’est parce qu’il avait installé un système qui l’empêche de penser, c’est une mise sous terreur.
« Et puis en bon agresseur, il va utiliser tout ce qu’il faut pour établir son impunité. Établir, assurer son impunité, ça veut dire qu’il va recruter des alliés, et quand c’est quelqu’un de l’entourage, ça sera le gendre le plus charmant pour ses beaux-parents, celui qui viole et qui est violent. Quand c’est un instituteur, un thérapeute, un médecin (puisqu’il y a des viols par personnes ayant autorité dans des institutions), ça sera l’instituteur le plus dévoué aux enfants, ça sera le thérapeute le plus disponible, et si quelqu’un dit quelque chose, on dira : “Mais ce n’est pas possible ! Monsieur Untel”. Surtout qu’elle va mal, la victime a un discours qui n’est pas toujours très clair, elle dit des choses puis elle revient en arrière, alors que l’agresseur, il se porte bien, lui. Tout va bien pour lui tant qu’il est calme.
« Alors le dernier point de l’agresseur, c’est inverser la culpabilité, c’est-à-dire transférer la responsabilité de ce qui s’est passé sur sa victime. Et ça, malheureusement, c’est très efficace. Et c’est un des points sur lesquels nous devons lutter de façon permanente dès les premiers entretiens. »
Muriel Salmona, docteure, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie, que nous avons reçu le 7 novembre dernier dans l’émission « Femmes libres » sur Radio libertaire, précise que « de toutes les violences, les violences sexuelles sont celles qui entraînent les conséquences les plus graves sur la santé. Elles sont équivalentes aux tortures, et elles entraînent les troubles psychotraumatiques les plus lourds et les plus chroniques si aucun soin n’est donné. C’est la mise en scène d’un véritable meurtre psychique, avec des conséquences traumatiques, psychologiques, neurobiologiques et psychiatriques importantes ».

Hélène
Groupe Pierre-Besnard de la Fédération anarchiste