Des paroles et des paroles

mis en ligne le 15 mars 2012
Ça pourrait aussi s’appeler « Des paroles et des promesses » ou bien « Des paroles et des mensonges ». France 2 a choisi d’appeler son émission « Des paroles et des actes ». Bien sûr, on se souvient qu’il y a cinq ans Sarkozy gagnait l’élection après avoir dit tout et son contraire. Il peut bien se dire – lui et ses conseillers – que, en recommençant, ça peut encore marcher…
Après s’être fait remarquer à plusieurs reprises depuis le début officiel de sa campagne pour avoir vanté des chiffres fantaisistes sur divers sujets, le « candidat-président » se devait de faire un effort pour une émission marathon dans laquelle les journalistes n’ont pourtant pas été trop méchants. Quand, par exemple, il lui a été rappelé sa déclaration selon laquelle, s’il ne rabaissait pas le chômage à 5 % au cours de son mandat, il s’attendait à une sanction des électeurs, on pouvait se dire que la télé était décidément bien obligée de s’inspirer des infos qui ressortent sur le web… Mais cela était visiblement préparé, le petit Nicolas avait été averti et avait une réponse toute prête pour botter en touche.
À part ça, il n’est pas vrai qu’il se droitise, pas vrai non plus qu’il est le président des riches, son bilan est bon et, s’il n’y avait pas eu la crise, il aurait été excellent… C’est tout juste s’il a eu un peu tort d’aller au Fouquet’s et de favoriser son fils Jean. Il a pris des décisions que lui seul pouvait prendre pour sauver la France, comme la « TVA sociale »… À ce propos, certains ont remarqué une erreur (on peut aussi appeler ça un foutage de gueule). Sarkozy a déclaré : « Avec 3 % d’augmentation de TVA en Allemagne, les prix ont grimpé de 0,5 point, et ils augmenteront dans une même proportion en France » ; pourtant, selon un rapport de la Cour des comptes datant de mars 2011, qui reprend une étude de la banque centrale allemande, « l’augmentation de 3 points de la TVA aurait contribué pour 2,6 points à la hausse des prix ». Et ce sont des chiffres officiels…
Mais il veut aller plus loin : il a « découvert » que certains grands groupes du CAC 40 ne payaient pas d’impôts et il compte y remédier… C’est pas du foutage d’électeurs, ça ?
Ce fut donc pour une partie un beau boulot de promotion organisé par une chaîne encore publique. À quelques détails près tout de même : il a éludé des questions gênantes et personne n’a insisté, oui, mais ça s’est vu… Ne doutons pas que cela n’empêchera pas certains de lui faire confiance. Pour une autre partie, ce fut – paraît-il, car j’ai alors trouvé plus intéressant à faire… – plus lamentable encore, avec des petites phrases haineuses et ras des pâquerettes échangées avec Fabius.
Voilà ce qui arrive quand on ne regarde plus les débats télévisés depuis longtemps et qu’un soir, pour voir si c’est toujours aussi grave (alors qu’en fait on s’en doute bien, car s’il y avait un quelconque changement on le saurait), on appuie sur le bouton de la télé. Et bien c’est pas la peine, et dans cinq ans, si on ne fait pas la sociale avant, ce ne sera toujours pas la peine.

D. Jouhet