Brave Français, l’étranger te menace !

mis en ligne le 30 septembre 2010
1606Etranger
Dernier avatar de la politique sécuritaire, qui a permis à Nicolas Sarkozy de s’emparer du pouvoir : la menace du terrorisme. À écouter les seconds couteaux du chef de l’État (au sens où on l’entendait à l’époque de Vichy), les poseurs de bombes seraient à nos portes. Au point qu’il serait possible d’improviser de nouveaux chants vengeurs : « Ils viennent jusque dans nos bras, exploser nos fils, nos compagnes, etc. »
Soyons sérieux : les rodomontades de Brice Hortefeux ne peuvent que nous inquiéter. En effet, les propos du ministre de l’Intérieur ne relèvent pas seulement de la volonté de faire peur. Il y a également une part de provocation, un piège haineux dans lequel certains se risqueront peut-être à s’aventurer. Il faut peut-être y voir une incitation faite aux islamistes intégristes, et autres demeurés, à passer à l’acte, avec la certitude de les intercepter, pour expliquer ensuite au bon peuple que ses dirigeants se doivent d’avoir la nuque raide, pour le plus grand bien de tous. Permettant ainsi de justifier l’instauration de cet État policier que les ardents des républicains actuellement au pouvoir aimeraient nous imposer.

La stigmatisation de l’étranger, base de la politique sécuritaire
Ces gens-là sont dangereux. En fait, juste un peu plus que leurs devanciers propriétaires du Château. Simplement, ils n’hésitent jamais à mordre, plutôt que de montrer les dents, avant de sortir l’artillerie lourde. Il est possible de dire que rien ne saurait les satisfaire davantage que le décès d’un policier, en Seine Saint-Denis, suite à une confrontation avec ces jeunes des cités qu’ils ne cessent de marginaliser, faute de pouvoir les expulser du pays de la liberté. Ils ne cessent donc de dramatiser les situations afin de pouvoir nous appliquer des lois de plus en plus scélérates, allant bien au-delà de l’objet initial.
La stigmatisation des jeunes issus de l’immigration maghrébine, ou de l’Afrique subsaharienne, ne suffisant plus, il a paru nécessaire à quelques forcenés, se drapant dans la légalité républicaine, de s’attaquer aux Roms, déjà pourchassés dans toute l’Europe. Comme il n’est pas nécessaire de s’embarrasser de scrupules, notre Nicolas national n’a pas hésité, dans son discours du 30 juillet 2010 à Grenoble, à exprimer une même volonté de rejet envers ceux que l’on qualifie de « gens du voyage », et qui sont pourtant d’authentiques Français, dans leur très grande majorité.
Il faut faire place nette dans ce pays dont on nous rappellera bientôt qu’il est d’origine gauloise, comme ne cesse de l’affirmer la tribu Le Pen, sourdement soutenue par cette droite dite républicaine qui ne cesse de présenter ses quartiers de noblesse nationaliste. Bientôt, comme au temps de Pétain/Laval, il faudra prouver sa bonne origine française, sauf à risquer de se voir dénaturalisé. Pour l’heure, la sanction ne menace que les possibles assassins de policiers, qui auraient acquis, par erreur, la nationalité française. Soyons certains que, demain, cette punition majeure pourra frapper les auteurs de délits mineurs.
Rester entre vrais Français, avec Nicolas Sarkozy comme porte-drapeau, c’est le rêve renouvelé de tous les nationalistes haineux. Peu importe que le président de la République soit issu d’une lignée de Hongrois. Rappelons-nous que le chantre du peuple grand-russe n’était autre que Joseph Staline, lequel s’appliquait à faire oublier qu’il était Géorgien. Notre tyranneau français a appris à jouer de la corde sensible du nationalisme. À ses côtés, les Hortefeux, Esterosi, Ciotti et tutti quanti agitent le fouet, mêlant dans leurs incantations délinquance et origine étrangère. Cela dans le but éveillé de réveiller les bas instincts d’une populace qui recommence à lorgner vers le Front national.

Et Rajsfus, dans tout ça ?

Je suis un Français d’origine étrangère ! Certes, je n’ai rien à craindre de la vindicte du président de la République puisque je n’ai pas attenté à la vie d’un policier ou d’un gendarme. En d’autres temps, pourtant, j’aurais pu me laisser aller à une telle dérive, et peut-être ai-je eu tort, la Libération venue, de ne pas éliminer ce policier bien français, Marcel Mulot, qui, le 16 juillet 1942, m’avait raflé, avec mes parents et ma sœur. Cela pour le compte de l’occupant nazi. Ne me considérant pas comme un vengeur sublime, je devais me contenter, bien plus tard, de relater ces événements qui mettaient en relief la complicité de ceux qui, ayant été précédemment fonctionnaires de la République, avaient accepté, sans la moindre difficulté, d’exécuter les basses œuvres de la Gestapo. Il est vrai que tout cela est pratiquement oublié.
Bien évidemment, il ne peut être question de comparer les époques et les hommes. Il n’en reste pas moins que cette situation, qui commence par la stigmatisation de l’Étranger, finit par dégager des relents de racisme tout à fait redoutables. La volonté de dresser une partie des citoyens de ce pays contre ceux qui ne seraient que « d’origine », est évidente. Une fois de plus, cela ne peut que nous renvoyer à cette époque où le régime de Vichy retirait la nationalité française aux Juifs d’Algérie, tout en annulant la nationalité de tous ceux que la République avait accueillis en son sein, au cours des années 1930.
En juillet 1942, la police de ce pays m’avait fait comprendre que je n’étais plus un petit Français comme les autres. En 2010, alors que les jeunes « d’origine » étrangère sont placés sous haute surveillance dans nos banlieues, pourquoi voudrait-on que ceux-là aient la fibre patriotique ? Ensuite, il est facile de leur reprocher de siffler La Marseillaise !



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


56255Meuni

le 3 octobre 2010
Non, je ne crois pas au risque de terrorisme en france. Oui, je crois à la stigmatisation contre l'étranger, qu'importe l'étranger pourvu qu'on puisse en faire un bouc émissaire.