Ruesta, environnement, faune, flore

mis en ligne le 15 octobre 2009
Ruesta se trouve dans la province de Saragosse, dans la contrée des Altas Cinco Villas, aux portes des Pyrénées de Navarre et de Huesca. Ruesta se trouve à une altitude de 554 mètres au-dessus du niveau de la mer, les montagnes qui entourent le village se trouvent aux environs de 1 000 m. La sierra de Leyve au nord et la Peña Musera au sud abritent l’enclave rocheuse sur laquelle est construit le village. Il domine la vallée et le lac de Yesa.
Le climat est typique de la basse montagne, de légères gelées l’hiver, des printemps et des automnes doux et parfois pluvieux, et des étés chauds.
Nous sommes dans les pré-Pyrénées, une région où l’on trouve une grande variété d’espèces animales et végétales. La forêt est une forêt atlantique, avec de nombreux pins, on peut y voir de près de nombreux rapaces, des aigles et notamment les derniers quebrantahuesos vivant dans la péninsule Ibérique. Ce sont des gypaètes, de très grands rapaces qui se nourrissent de charognes et de rongeurs, ils ont été exterminés pratiquement dans toute l’Europe.

Histoire
Les musulmans ont érigé la forteresse de Ruesta, avec ses deux tours sarrasines, et l’ont abandonnée au Xe siècle. Les Navarros, les habitants de la Navarre, ont ensuite construit, près de la frontière, le monastère de Saint-Jean de Ruesta et de 1016 à 1018 ils reconstruisirent la forteresse. En 1054, le roi de Navarre concéda le village de Ruesta au roi d’Aragon. À partir de là, Ruesta joua un rôle important dans la défense du canal de Berdun. En 1283, l’infante Alonso demanda aux habitants de Tiermas et de Ruesta de fortifier les villages. L’église de Ruesta était très importante.
Cette localité fut abandonnée en 1959 lors de la construction du barrage de Yesa, ce qui entraîna l’inondation des terres de culture qui constituaient alors le mode de vie de ses habitants. Le village de Ruesta ne figure sur aucun guide ou aucune carte. Lorsque le gouvernement de Franco a noyé leurs terres sous les eaux d’un lac de retenue, les 600 habitants du village perché sur la colline sont partis, ils ont été relogés de force, troquant leurs demeures pour le béton et le bitume. Les vieux en sont morts rapidement, les autres ont fait mine d’oublier. C’était le progrès, financé par les Américains, mis en œuvre par le franquisme.
Dans les années qui ont suivi l’évacuation du village, les paysans et les brocanteurs des alentours sont venus lui arracher tout ce qui pouvait encore servir : tuiles, portes, volets, fenêtres, etc. Village fantôme, Ruesta est bientôt devenu village en ruines.
En juin 1988, la Confédération hydrographique de l’Èbre (CHE) céda l’exploitation de Ruesta à la Confédération générale du travail (CGT) de l’Aragon, une cession qui faisait partie de la politique de la CHE pour la récupération de noyaux ruraux abandonnés à cause de la construction de barrages.
En novembre 1992, on prorogea pour cinquante ans la cession, qui comprenait l’ensemble urbain et quelques centaines d’hectares du mont entourant le village.
En plus du village intra-muros, la CGT a reçu la gestion d’un grand nombre de terres de la montagne, mais aussi de terres cultivables. Aujourd’hui un litige existe à propos des terres qui ont été cédées. Les municipalités et certains particuliers des alentours aspirent à exploiter ce valeureux patrimoine cédé à la CGT, classé – il faut le préciser – « patrimoine de l’humanité » par l’Unesco . Tout cela a une relation avec les investissements qui auront lieu dans la région quand le projet d’agrandissement du lac de Yesa aura été ou non réalisé par la Confédération hydrographique de l’Èbre.
Aujourd’hui, la CGT, en relation avec l’Association d’action publique pour la défense du patrimoine aragonais et avec les municipalités de plusieurs villages environnants, se bat afin d’empêcher l’agrandissement du lac de Yesa qui verrait de nouvelles terres inondées, le camping géré par la CGT notamment. Mais aussi le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle reconnu par l’Unesco « patrimoine de l’humanité ». Le chemin au nord disparaîtrait totalement et le chemin au sud serait altéré sur plusieurs kilomètres. La faune et la flore à l’état sauvage depuis 1959, depuis que les terres ne sont plus cultivées, seraient en partie détruites. Il faut dire que, du fait de la disparition de l’agriculture, de nombreuses espèces animales et végétales sont protégées dans la région et l’on a vu réapparaître des espèces anéanties ailleurs. Une action est menée aujourd’hui en direction de l’Unesco et du gouvernement d’Aragon pour que le projet d’ampliation du lac soit arrêté.
Le fait n’est pas exceptionnel : d’autres confédérations syndicales se sont ainsi vu confier des villages abandonnés, en respectant un certain nombre d’engagements en matière d’activités sociales, de réhabilitation du bâti, de protection de l’environnement, etc.

Accueil
Située sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, l’auberge de Ruesta accueille les randonneurs et les pèlerins, ainsi que des anarcho-syndicalistes de la CGT-E, comme de tous les coins du monde. Un mélange étonnant de prime abord mais, pour y avoir séjourné une semaine, je peux dire que la cohabitation se déroule très bien. L’équipe chargée de la gestion des auberges et du restaurant est aujourd’hui composée de six personnes, toutes membres de la CGT. Le village abrite aussi divers séminaires ou journées de travail et de formation de la CGT. Mais l’ambition est plus vaste…1568Espagne

Réhabilitation
La gestion du projet de réhabilitation de l’ensemble du village a été confiée à un groupe de travail composé de militants de la CGT, avec à sa tête un coordinateur de la région aragonaise.
La CGT, en collaboration avec l’Ordre officiel des architectes de l’Aragon, réalisa un projet de réhabilitation qui a été finalement mené à bien en plusieurs phases avec des financements publics. En août 1993, on conclut la première action sur l’ensemble urbain en récupérant la maison Casa Valentín, aménagée en auberge et, en 1995, on inaugura une deuxième auberge, Casa Alifonso. Toutes les deux font partie du réseau du chemin de Saint-Jacques.
En 2000, on inaugura le Centre d’interprétation du chemin de Saint-Jacques, où l’on réalise, parmi d’autres activités, une étude de la flore et de la faune de la région, et la Casa de Cultura (maison de la culture), des espaces ayant une salle de conférences, une salle audiovisuelle et une bibliothèque. Au bord de la rivière, il y a l’aire de camping – 16 000 mètres carrés de surface – ayant capacité pour 200 personnes, complètement plantée d’arbres et entourée de végétation. Le camping est traversé par une ancienne route jacquaire dont il reste des vestiges du pavé et du pont. Le village a aussi un bar, un magasin et des terrasses avec des vues merveilleuses.
Dès que la Confédération hydrographique de l’Èbre prendra définitivement position sur l’agrandissement du lac, la CGT en collaboration avec l’Ordre officiel des architectes de l’Aragon et avec l’aide financière du gouvernement d’Aragon, réalisera une nouvelle tranche de travaux qui devrait s’achever fin 2011. Elle comprend la réhabilitation d’une grande maison à l’entrée du village, appelée la Casa Palacio Lacacena, qui devrait devenir une auberge un peu plus confortable que les auberges qui existent actuellement, avec des chambres pour une, deux ou trois personnes et des salles de bains. Un projet qui comprend aussi la réhabilitation de l’église Santa-Maria-de-Ruesta, datant des xe et xie siècles. La CGT a pour projet de la transformer en salle de concert où pourraient être organisés un festival d’été et de nombreuses activités culturelles (expos, projections, réunions en tous genres).

Loisirs
La proximité du lac du barrage de Yesa et la possibilité de réaliser des excursions dans les environs et les vallées proches font de Ruesta un endroit idéal pour les loisirs. On peut aussi pratiquer de nombreuses activités comme les sports nautiques dans le lac de Yesa et dans les rivières Aragón et Gallegó, le deltaplane, l’alpinisme, les safaris photographiques et les visites touristiques et artistiques à des ensembles historiques proches comme Sos del Rey Católico et Uncastillo, le monastère de Leyre, entre autres, ou faire de courtes excursions à pied ou à vélo vers de beaux villages comme Los Pintanos, à l’ermitage de Saint-Jacques-de-Ruesta, Saint-Sébastien ou le belvédère de Vidiella, ou même réaliser une étape du chemin de Saint-Jacques, de Ruesta à Undúes de Lerda.
Durant toute l’année et notamment les week-ends, il y a des cours et des activités de loisirs : des cours de percussion ou de danse africaine, des ateliers de magie, de calligraphie japonaise, de fabrication de marionnettes… On organise aussi des campements et des colonies de vacances, des programmes éducatifs et des excursions guidées pour groupes et associations.

Conclusion
La nouvelle équipe qui s’occupe de Ruesta entend bien renouer avec le projet initial : faire revivre ce village, y créer une activité économique, en faire un lieu de vie alternatif fonctionnant avec les principes du municipalisme libertaire.
Ruesta, avec ses 350 hectares de terres, ses paysages magnifiques et ses belles maisons à reconstruire, ne demande qu’à revivre. Nos camarades espagnols font valoir que bien des activités y sont possibles, aussi bien agricoles qu’agroalimentaires, mais aussi le tourisme ou les nouvelles technologies ou encore l’accueil des enfants en colonies de vacances, l’accueil des anciens qui aimeraient retrouver un peu de calme et cultiver leur jardin, la réouverture d’une école dans le village voisin, etc.
Ils tiennent beaucoup à ce que Ruesta devienne un lieu d’échanges et de rencontres internationales. Une belle occasion de passer quelques jours de vacances dans ce village et cette région magique.
C’est l’occasion de faire de belles rencontres avec des randonneurs et des amants de la nature. Si vous souhaitez vous ressourcer dans une ambiance pleine de chaleur humaine au contact de gens très généreux et très solidaires qui pourront vous servir de guides, faites une halte à Ruesta. C’est une fenêtre grande ouverte sur tout ce qui fait le charme et la beauté de l’Aragon, a travers un choix de balades splendides ! En un mot : une invitation à découvrir et donc à aimer les Pyrénées.