Xynthia, double peine pour les victimes

mis en ligne le 22 avril 2010
On connaît les données du pourquoi du comment des ravages de la tempête Xynthia qui a déferlé sur nos côtes il y a un mois.
Des vents à 150 à 160 km/h. Et ce, à la marée haute avec un coefficient de marée à plus de 110 (la moyenne étant de 70). D’où une montée des eaux supérieure de deux mètres à ce qu’elle aurait dû être « normalement ». Des digues mal entretenues par des propriétaires privés n’ayant pas les moyens de le faire. Des permis de construire distribués à hue et à dia, dans des zones à risques, par des roitelets communaux sensibles, voire complaisants, aux pressions de toutes sortes (propriétaires, promoteurs, etc.). Le grand rêve de braves gens un peu niais d’habiter en bord de mer…
Tout cela a abouti à des dizaines de morts en Vendée et en Charente-Maritime. Et à des centaines de maisons noyées sous deux mètres ou plus d’eau de mer.
Deux hypothèses se sont alors affrontées au sujet de ce qu’il convenait désormais de faire pour se prémunir contre une nouvelle catastrophe : soit renforcer les défenses contre la mer dans le cadre d’un service public ; soit détruire les habitations situées dans des zones à risques.
Les services publics et leur cortège, impératif, d’investissements publics en vue de gérer le moyen et le long terme, n’étant pas à la mode en capitalisme néolibéral actuel, c’est la deuxième solution qui a été choisie. Et mise en œuvre à la hache. Ah mais !
Les services de l’État ont donc dressé des cartes et tiré des traits. À droite d’une rue ou d’une route, c’était bon. À gauche, non !
Interdire aux gens d’habiter dans une zone à risques n’est, bien évidement, pas répréhensible en soi. Même si on peut penser qu’il eût été préférable d’avoir posé cette interdiction au préalable et même si on peut estimer qu’en choisissant de renforcer les défenses contre la mer (comme en Hollande), on aurait largement limité les risques. Mais, le faire d’une manière bestiale, autoritaire, sans concertation aucune, et, cerise sur le gâteau, en dépit du bon sens, alors là, c’est le pompon ! Pensez, des habitations ayant été épargnées par la montée des eaux, parce que situées sur des hauteurs ou parce qu’existant depuis toujours dans des zones proches de zones à risques, vont devoir être détruites. Tandis que d’autres, bien qu’ayant été noyées sous les eaux, ne sont pas concernées par la destruction.
Devant autant d’incohérences, le petit peuple chouan et les gentils Charentais, une fois n’est pas coutume, ont commencé à sortir les fourches et, incroyable, à faire des manifs. Comme les méchants rouges des tribus bolcheviks ouvrières !
À telle enseigne que le conseil général de Charente-Maritime, managé par l’UMP Bussereau, s’en est ému et a osé l’impensable d’une motion à l’adresse du président de la République. Sire, s’il vous plaît, nous vous implorons de bien vouloir nous demander notre avis à propos de ce qu’il pourrait en être de notre avenir.
Résultat des courses, le 13 avril dernier, à Matignon, à l’issue d’une réunion avec neuf ministres, François Fillon a mis un terme à cette cacophonie et sifflé la fin de la récré. Pas question de revenir sur le découpage qui destine à la démolition 1 501 maisons.
Bref, après Xynthia, les Vendéens et les Charentais du littoral vont devoir essuyer une deuxième tempête : celle de l’absolutisme, de sa morgue et de son incompétence.
Il n’est pas sûr qu’elle soit moins destructrice que l’autre.