éditorial du n°1536

mis en ligne le 28 décembre 2008

Gesticulator est un mec qui ment comme il respire, or il respire vite et… énormément. Ce hâbleur invétéré s'était engagé en décembre 2006 à faire en sorte que « d'ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et de mourir de froid ».

Novembre 2008, le roi des fanfarons nous ressert un couplet du même tonneau (percé) à la vue des malheureux que la misère tue chaque jour dans la rue, le froid n'étant qu'un de ses simples auxiliaires. Gesticulator veut prouver sa sincérité ? Sans attendre la chimérique mise à disposition d'un minimum de 20% de logements sociaux dans chaque commune de plus de 3 500 habitants -- ainsi que le stipule la loi SRU, nous suggérons à l'Indigné sur commande de mettre à disposition les appartements de l'Élysée à tous les malheureux qui ont le bitume pour seul oreiller, ça ne lui coûtera pas un rond et lui fera de surcroît une pub d'enfer, lui qui va pioncer chaque soir dans l'hôtel particulier de sa belle. En complément, pourquoi ne ferait-il pas édicter un décret interdisant le froid en hiver et la canicule l'été ?

Le Chef de l'État (de boue) est expert dans l'art de déverser des larmes de crocodile, mais sa nature de vrai saurien éclate au grand jour dès qu'il ouvre sa gueule au sujet de la justice.

Ainsi il a demandé au recteur Varinard de lui proposer des mesures nouvelles pour durcir la loi visant les mineurs ayant commis des actes délictueux. Ce désolant personnage suggère de fixer à 12 ans (voire à dix !) la responsabilité pénale des mineurs. Victor Hugo doit se retourner dans sa tombe, lui qui disait « Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons », mais il est vrai que les fanatiques de la répression ont plus la nostalgie des bagnes pour enfants que le goût pour les œuvres du père Hugo. Encore un petit effort, alors, quand un enfant leur demandera de dessiner un mouton, ces « doux humanistes » se mettront immédiatement au bourreau pour lui offrir un gibet en trois dimensions.

Le mot calamité se déclinant souvent au pluriel, le ministre des Fermetures des classes et des Suppressions d'emplois indique qu'obligation sera faite à tous les enseignants de faire apprendre par coeur la leçon suivante à tous les élèves : oui, je serai heureux de travailler jusqu'à ma mort pour un salaire de misère, si le Diable venait à me souffler le contraire et que je cède à sa tentation, sur le champ je devrais être jeté dans un cachot pour y croupir le reste de mes jours, car les Patrons sont grands et Nicolas est leur prophète.