éditorial du n°1448
Nous pouvons quand même, sinon nous étonner, du moins nous offusquer de la disparité de traitement qui existe selon les tribunaux et selon que l'on soit une mère de famille s'appropriant de quoi remplir la gamelle familiale sur laquelle flotte le drapeau noir de la misère, ou la femme d'un homme politique raté qui a détourné des dizaines de milliers d'euros - un peu pour le parti, beaucoup pour les parties fines au bord de la piscine de leur luxueuse propriété. L'une fera six mois de prison ferme pendant que ses enfants iront moisir à la DASS, l'autre ne prendra sûrement que quelques mois avec sursis, et si jamais elle prend quelques semaines de prison ferme, cela sera dans une section pour VIP où lui sera réservé un traitement de faveur (surtout si les matons sont des sympathisants du parti en question). « Les Français savent que je dis la vérité », dit le populiste de service en parlant de ses propos dégradant la magistrature, seulement, pour juger, combien de Français connaissent-ils le fonctionnement de la justice, ou ont simplement déjà mis les pieds dans un tribunal ? La réaction de l'opposition est tout aussi risible, car certes le fait pour un ministre de l'Intérieur de dire qu'il ne reconnaît que le peuple comme juge peut donner des craintes à la caste juridique sur l'avenir de son indépendance, mais la gôche elle-même ne se gêne pas pour manipuler la justice (écoutes téléphonique illégales, affaire des Irlandais de Vincennes, etc.). Tout cela n'est que de la soupe électorale qui nous montre que les tripatouillages pour se faire élire dans une démocratie parlementaire n'ont guère changé depuis Périclès au VIe siècle avant notre ère. Comme nous l'annoncions déjà depuis des mois, ce sont bien les immigrés, les sans-papiers et les mal-logés qui font les frais de l'ire de nos présidentiables. À quelques exception près, tel l'ex-ministre de l'Intérieur de feu Bokassa Ier, qui, lui, a été naturalisé français cet été ; entre collègues, il faut s'entraider !