Anticléricalement vôtre
Nicolas Sarkozy a osé nous lancer en pleine figure qu'il « s'affirme catholique », tout en jetant un regard méprisant sur ces jeunes qui pratiquent « un agnosticisme désespéré ». Feu sur les mécréants car notre époque a le plus grand besoin du fait religieux. Telle est la teneur du message.
Nicolas Sarkozy tire à vue sur les « laïcards », tout comme, en 2003, il dénonçait les « droits de l'hommiste » inquiets de la multiplication des lois liberticides. Suit l'annonce de larges subsides pour la construction de mosquées ; ce qui justifiera ensuite d'importantes subventions pour les églises.
Tandis que l'on nous rebat les oreilles avec le « fait religieux », et la volonté d'inscrire l'histoire des religions dans les programmes scolaires, ceux qui gouvernent oublient que, dans ce pays, il y a des athées en très grand nombre, et plus encore d'indifférents.
Dans cette France où les révoltes rurales et urbaines prenaient jadis le château et l'église pour cibles prioritaires, on voudrait faire oublier ce passé glorieux pour lui opposer un présent calotin, et en tout cas bien-pensant. Le plus lamentable étant encore de constater que la gauche convenable et les syndicats - redevenus réformistes - ne réagissent guère à cette invasion calotine, toutes confessions confondues. On trouve même des défenseurs du voile islamique à l'école, au sein de notre extrême gauche, au nom de la liberté de conviction.
Il est donc évident que l'anticléricalisme se doit de retrouver des couleurs !
Les curés, les imams et les rabbins m'exaspèrent. Tous éprouvent la tentation de nous agresser hors de leurs lieux privés. Par quelle aberration, cette République laïque, cette ville de Paris gérée par la gauche, ont-elles accepté qu'une croix de dix-sept mètres de haut soit érigée sur le parvis de Notre-Dame de Paris, pour célébrer la Toussaint 2004. Cela sur le domaine public. Pourquoi se gêner ?
Attention, demain, peut-être, vous risquez d'être interpellé par un policier si vous criez : « À bas la calotte ! » Comme si ce cri pouvait désormais outrager la République. Et, pourquoi pas, par la suite, si dans votre égarement vous arborez une pancarte portant le triple slogan républicain, qui n'est pourtant que paroles verbales « Liberté, Égalité, Fraternité », un Sarkozy quelconque ne hasarderait-il pas à expliquer que, décidément, vous troublez l'ordre public.
Au secours, Jacques Prévert, reviens !
J'ouvre donc le bal, en attendant la suite :